Huit ans après la loi prostitution, le gouvernement dévoile un nouveau plan

Huit ans après la loi pénalisant les clients, le gouvernement dévoile ce jeudi un nouveau plan de lutte contre la prostitution, avec une attention particulière portée à la question du numérique et des mineurs, dont le nombre a doublé ces dernières années.

Huit ans après la loi pénalisant les clients, le gouvernement dévoile ce jeudi un nouveau plan de lutte contre la prostitution.
Huit ans après la loi pénalisant les clients, le gouvernement dévoile ce jeudi un nouveau plan de lutte contre la prostitution. (Photo d’illustration / Lionel Le Saux / Le Télégramme)

Huit ans après la loi prostitution, la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la prostitution, qui sera présentée ce jeudi par Aurore Bergé, vise à « renforcer l’application de la loi de 2016 partout sur le territoire, dans son volet répressif et social », souligne-t-on dans l’entourage de la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Il s’agit également de « s’adapter aux nouvelles formes de prostitution, notamment numérique » et de s’attaquer spécifiquement à la question des mineurs « pour lutter efficacement face au 'continuum prostitutionnel'».

En 2016, l’adoption de la loi prostitution avait été saluée comme une avancée majeure par les abolitionnistes. Au terme de deux ans et demi de vifs débats, le texte avait notamment abrogé le délit de racolage et l’avait remplacé par la pénalisation des clients. Ces derniers sont désormais passibles d’une amende de 1 500 euros, pouvant aller jusqu’à 3 750 euros en cas de récidive, parfois complétée par un stage de sensibilisation. La loi a également mis en place un parcours de sortie de la prostitution.

« Dommage que la loi de 2016 n’ait pas été mise en œuvre dans sa globalité »

Mais huit ans plus tard, le bilan est en demi-teinte. Le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a déploré une pénalisation « appliquée inégalement sur le territoire » et pointé les défis de la prostitution sur internet. Un rapport des inspections générales a quant à lui épinglé un « manque de pilotage national », une absence de « mesures de sensibilisation du grand public » et des mesures pénales encore peu appliquées.

« La loi de 2016 est une très bonne loi, c’est dommage qu’elle n’ait pas été mise en œuvre dans sa globalité », estime Stéphanie Caradec, directrice de l’association Mouvement du Nid, en faveur de l’interdiction de la prostitution. Elle déplore une application « anecdotique » des mesures pénales et un manque de moyens budgétaires et humains.

« Il faut permettre à toutes les personnes qui souhaitent sortir de la prostitution de pouvoir le faire dans de bonnes conditions, or aujourd’hui ce n’est pas le cas », ajoute-t-elle, citant le montant « clairement insuffisant » de 330 euros mensuels de l’aide financière d’insertion sociale (Afis).

Aide financière probablement revalorisée

Les choses pourraient toutefois évoluer à ce niveau-là. Auditionnée au Sénat le 21 mars, Aurore Bergé a reconnu que l’aide financière actuelle était « très faible monétairement et mériterait sans doute d’être revalorisée ». Au cœur d’un plan spécifique présenté en 2021, la question de la prostitution des mineurs, et notamment des enfants de l’aide sociale à l’enfance (Ase), sera pleinement intégrée à cette nouvelle stratégie nationale.

Selon les associations, le nombre de mineurs prostitués a plus que doublé ces dernières années. Il est aujourd’hui estimé entre 7 000 et 10 000 sur les 30 000 personnes prostituées en France.

Un « nouveau plan pour rien » ?

Opposées à la loi de 2016, les associations anti-abolitionnistes déplorent, elles, ne pas avoir été consultées par l’exécutif et redoutent un « nouveau plan pour rien » à même « de fragiliser encore davantage les travailleuses du sexe ». « On sait qu’on va avoir le droit à une stratégie purement idéologique, on va passer à côté du sujet qui est la situation des personnes concernées sur le terrain », dénonce Sarah-Marie Maffesoli, coordinatrice chez Médecins du Monde.

Même amertume chez Elisa Koubi, coordinatrice du syndicat du travail sexuel (Strass) qui constate depuis la loi de 2016 des clients « beaucoup plus agressifs et plus violents » et des personnes prostituées obligées de « s’éloigner pour éviter la police, donc de s’isoler et de sortir des radars des associations et de la prévention santé ».

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Prévue initialement pour janvier mais reportée en raison des différents remaniements, la présentation de cette stratégie survient à trois mois des Jeux olympiques et paralymiques de Paris lors desquels l’exécutif s’attend à une recrudescence de la clientèle de la prostitution.

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