Hausse brutale des hospitalisations pour tentatives de suicide et auto-mutilations, et deux tiers sont des jeunes femmes

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Nouvelle illustration de la dégradation de la santé mentale des jeunes : les hospitalisations pour tentative de suicide ou automutilation ont progressé "de façon brutale et inédite" chez les adolescentes et les jeunes femmes en une quinzaine d'années, selon une étude parue aujourd'hui.

Hausse brutale des hospitalisations pour tentatives de suicide et auto-mutilations, et deux tiers sont des jeunes femmes

© Midjourney x Whta's up Doc

En 2022, près de 85 000 personnes ont été hospitalisées au moins une fois, en médecine et chirurgie ou en psychiatrie, en lien avec un geste auto-infligé (tentative de suicide, scarifications, brûlures, coups contre un mur...).

Près de deux sur trois (64%) étaient des filles ou femmes. Les habitants des communes plus défavorisées étaient aussi plus touchés.

Commencée entre 2015 et 2019, avant la pandémie de Covid, la progression des hospitalisations d'adolescentes et jeunes femmes s'est interrompue en 2020, avant de repartir en 2021 de façon "nettement plus importante", retrace cette étude de la Drees. 

En médecine et chirurgie, la moyenne des taux d'hospitalisations pour geste auto-infligé a progressé de 71% en 2021-2022 comparé à 2010-2019 chez les filles de 10-14 ans, de 44% pour les 15-19 ans, de 21% chez les 20-24 ans.

Et l'envolée en psychiatrie a été encore plus importante : +246% pour les 10-14 ans, +163% pour les 15-19 ans, +106 % pour les 20-24 ans.

Deux tiers des hospitalisations des adolescentes et jeunes femmes pour geste auto-infligé sont liées à des intoxications médicamenteuses volontaires, devant des lésions infligées par un objet tranchant et des gestes encore plus violents.

Pas de « pendant masculin »

L'envolée des hospitalisations pour tentatives de suicide ou auto-mutilations chez les jeunes filles et femmes ne se retrouve ni chez les adultes plus âgés ni chez les garçons et jeunes hommes.

A l'inverse, ces hospitalisations ont baissé en continu depuis 2010 chez les hommes et femmes de 30-55 ans, comme par "un effet de génération des personnes nées dans les années 1970 et 1980, qui feraient moins de passages à l'acte que leurs aînés aux mêmes âges", pointe la Drees.

Chez les garçons et jeunes hommes de 10-24 ans, ces hospitalisations ont connu une stabilité sur une quinzaine d'années à des niveaux bien inférieurs à ceux des jeunes filles.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-jeunes-ne-vont-pas-bien-14-des-lyceens-des-pensees-suicidaires

Et il n'y a pas eu d'augmentation particulière des hospitalisations liées à des comportements à risque (agressions physiques, accidents de transport, prises de toxiques), possible "pendant masculin à l'augmentation des gestes auto-infligés chez les filles".

Un conseil national de la refondation (CNR) sur la santé mentale, promis par Emmanuel Macron, aura lieu en juin et juillet, avec "une attention particulière portée à la santé mentale des jeunes", a indiqué début mai le ministère délégué à la Santé.

Avec AFP

Une ligne d’écoute (0 800 235 236) dédiée aux jeunes est accessible 7 jours sur 7 de 9h à 23h (service et appel anonyme et gratuit). Le 3114, numéro national de prévention du suicide, est aussi accessible 24h/24 et 7j/7.

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