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Décryptage

Que risque-t-on à cause du pic de pollution à l'ozone ?

L'épisode de pollution à l'ozone qui a commencé mardi dans les grandes villes françaises devrait se poursuivre samedi. Quel est son impact ? Le point en cinq questions.
par Gabriel Siméon
publié le 3 juillet 2015 à 17h38

A l'ombre de la canicule, un autre phénomène atmosphérique est à l'œuvre. Depuis le 1er juillet, un important épisode de pollution touche les grandes villes françaises. Le coupable : l'ozone. Un polluant moins connu que les particules fines mais pas moins préoccupant.

Quelle est l’ampleur de la pollution ?

Elle touche tout le territoire, mais à des niveaux différents. Vendredi, les concentrations maximales mesurées en région parisienne étaient comprises entre 180 et 200 microgrammes d'ozone par mètre cube d'air. Soit au-dessus du seuil d'information (180 µg/m3 en moyenne sur une heure) à partir duquel les populations sensibles sont appelées à la vigilance.

Les autres grandes villes ne dépassent pas ce seuil. Mais les concentrations y restent préoccupantes si on se réfère à la limite de 100 µg/m3 (en moyenne sur huit heures) recommandée par l'OMS. Cette dernière est ainsi dépassée dans de nombreux départements depuis mercredi (plus d'infos ici).

Comparé à la canicule de 2003, «les concentrations observées ces derniers jours en Ile-de-France sont notablement plus faibles», explique Airparif, l'association locale de surveillance de la qualité de l'air. «Ces niveaux moindres peuvent s'expliquer par les baisses importantes des émissions de précurseurs d'ozone (NOx et COV) entre les deux périodes (de l'ordre respectivement -40% et -60% en Ile-de-France). Cette évolution illustre l'efficacité de mesures pérennes sur les concentrations maximales observées.»

D’où vient l’ozone ?

L'ozone constituant le smog est issu de réactions chimiques entre d'autres gaz polluants, principalement les oxydes d'azote (NOx) et les composés organiques volatives (COV). Ceux-ci proviennent pour l'essentiel des rejets du trafic routier et de l'industrie. Le rayonnement solaire est l'ingrédient essentiel de ces réactions. L'ozone «est donc un polluant estival dont les concentrations sont très corrélées à l'ensoleillement et aux températures élevées», écrit Airparif.

Il ne faut cependant pas confondre l’ozone que l’on retrouve au niveau du sol et celui formant la couche d’ozone. Ce dernier joue au contraire un rôle protecteur pour l’homme en bloquant une grande partie du rayonnement solaire ultraviolet.

Que risque-t-on ?

Tout le monde est concerné. «A des concentrations trop élevées, l'ozone a des effets marqués sur la santé de l'homme», indique l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Déclenchement de crise d'asthme, diminution de la fonction pulmonaire voire apparition de maladie respiratoire sont les principaux effets observés. Plusieurs études européennes font état d'une augmentation de la mortalité quotidienne de 0,3% et des maladies cardiaques de 0,4 % pour chaque augmentation de la concentration en ozone de 10 µg/m3, selon l'OMS.

«Un sujet normal exposé à l'ozone peut être gêné, avoir la gorge qui gratte et des irritations oculaires», prévient Bruno Housset, pneumologue au CHI de Créteil (Val-de-Marne). Les asthmatiques sont appelés à la vigilance : l'ozone est l'un des principaux facteurs de risque de mortalité liée à l'asthme, d'après l'OMS. Pour eux et les autres personnes sensibles, la préfecture de police de Paris conseille de réduire les activités sportives intenses dehors et à la maison.

Quelles mesures sont prises pour y remédier ?

Pour inciter les Parisiens à ne pas prendre leur voiture, le stationnement résidentiel est gratuit ce vendredi, tout comme les abonnements Vélib à la journée. Une heure d’Autolib est également offerte aux abonnées. A Grenoble, un ticket unité (validé) permet de voyager toute la journée sur l’ensemble du réseau de transports en commun de l’agglomération.

La maire de Paris Anne Hidalgo et le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, ont aussi réclamé jeudi la mise en place de la circulation alternée dans la capitale. Une décision qui revient à la préfecture. «Mais les niveaux de pollution ne le justifient pas», glisse à Libération une source proche de Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie qui, lors du précédent pic de pollution de mars (aux particules fines cette fois), était hostile à la mesure.

Plus généralement, la préfecture de police de Paris conseille de privilégier les modes actifs de déplacement (vélo et marche) et les transports en commun. Les agriculteurs sont invités à reporter le brûlage des déchets verts et les épandages par pulvérisation.

Plus généralement, l’ozone doit-il nous inquiéter ?

Oui. Pour l'OMS, il s'agit de «l'un des polluants atmosphériques les plus préoccupants». Martial Saddier, président du Conseil national de l'air, ne dit pas autre chose : «On parle beaucoup des particules fines mais les concentrations d'ozone augmentent de façon chronique à l'échelle européenne.»

Le député (LR) fait le lien avec le réchauffement climatique : «La tendance, pour l'ozone, est à la hausse. L'élévation des températures favorise l'augmentation des concentrations de ce gaz dans l'air. L'enjeu climatique est donc aussi celui de la qualité de l'air.» Le sujet prendra sans doute de l'ampleur d'ici la grande conférence climatique organisée à Paris en décembre.

Pour aller plus loin :

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