Le député LR Eric Woerth à Paris, le 16 mai 2017

Le député LR Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, a de nouveau été entendu par les enquêteurs chargés de l'affaire du possible financement libyen.

afp.com/CHRISTOPHE ARCHAMBAULT

A défaut d'avoir retrouvé des preuves de versements occultes émanant de la Libye, la justice tente de déterminer ce que serait devenu cet argent. Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur le possible financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy ont demandé début mai l'audition de plusieurs proches de l'ex-chef de l'État, rapporte ce samedi Mediapart.

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D'après le site d'investigation, Eric Woerth, trésorier durant cette période, a été entendu sous le statut de "suspect libre" par les enquêteurs anticorruption. D'anciens employés affectés à la campagne ont quant à eux été placés en garde à vue. Ils ont également vu leur domicile perquisitionné.

Des compléments de salaires en liquide

Les policiers s'intéressent à une série de primes en liquide versées aux salariés en tant que compléments de salaire après l'élection. Ils se demandent si cet argent "cash" ne provient pas des fameuses "valises d'argent libyen" que Zied Takkiedine, sulfureux homme d'affaires, affirme avoir remis à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant entre 2006 et 2007. L'existence de ces fonds n'a toutefois jamais été prouvée.

Eric Woerth et plusieurs employés ont confirmé l'existence de ces primes en liquide mais le premier a démenti tout lien avec un financement étranger. Contestant toute irrégularité dans les comptes de campagne, le député Les Républicains de l'Oise aurait toutefois reconnu, selon Mediapart, que cette trésorerie était tellement abondante qu'il s'est demandé s'il ne fallait pas "brûler les billets".

"Des liasses de billets de 10, 20 et 50 euros"

Le site d'investigation révèle le témoignage d'un employé de la campagne de Nicolas Sarkozy, affecté à la cellule communication. Ce dernier aurait déclaré aux policiers que ses fiches de paie ne mentionnaient qu'une infime partie de son salaire. Il recevait le reste en espèces. Aux enquêteurs, il a décrit une "armoire" où était entreposée "des liasses de billets de 10, 20 et 50 euros".

Ces "avances" pouvaient s'élever à plusieurs milliers d'euros, selon les employés interrogés. Dans une enquête publiée en novembre 2016, Le Monde affirmait que la justice avait accumulé de "nombreux indices" accréditant la piste d'un financement de la campagne de 2007 par le régime de Kadhafi mais pas de preuve définitive. Les juges d'instruction disposent d'au moins sept témoignages accablants mais ils restent invérifiables en l'état.

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