Capture d'écran d'un extrait de l'émission australienne "Go back to where you came from", sous-titré en français.
Capture d'écran d'un extrait de l'émission australienne "Go back to where you came from", sous-titré en français.

Une télévision privée polonaise a proposé à des candidats d’endosser le "rôle" d’un migrant et de refaire le chemin inverse de l’exil depuis l’Europe jusqu’en Irak. Se défendant de toute indécence, la chaîne entend "participer au débat sur la crise migratoire".

L’émission s’appelle "Go back to where you came from" ("Retourne d’où tu viens"). Lancée par une chaîne privée de la télévision polonaise TVN, la télé-réalité a invité six Polonais à se mettre dans la peau d’un migrant et à lui faire faire le chemin inverse de l’exil pendant près d’un mois. L'émission existe déjà en Australie. Elle sera diffusée à l'automne.

Les six candidats devront ainsi partir de Pologne et traverser l’Allemagne, la Hongrie, la Serbie, la Grèce avant de prendre un bateau pour traverser la mer Méditerranée. Ils n’auront sur eux que leur passeport, un téléphone portable et un peu d’argent.

La destination finale est au Kurdistan irakien où ils finiront l’émission dans un camp de réfugiés. Les producteurs de l’émission déclarent que les six participants ont tous des opinions différentes sur la crise migratoire. "Ils feront l’une des plus dures expériences de leur vie", explique la chaîne de télévision. "Comment cette expérience va-t-elle changer leur point de vue sur l’immigration ? Vont-ils changer de regard sur leur propre vie ?"

Indécence

Les critiques n’ont pas tardé à fuser, les détracteurs accusant la chaîne de télévision d’indécence et de se faire de l’argent sur la misère humaine. TVN se défend et précise participer, à travers cette émission, au débat sur la crise migratoire.

Un journaliste polonais, Piotr Krasko, qui a suivi les candidats pendant l’enregistrement de la télé-réalité défend lui aussi le programme. "Je ne pense pas que des personnes se seraient impliquées dans ce projet s’il y avait quelque chose de non-éthique".

Depuis le début de crise migratoire, la Pologne n’a pas ouvert sa porte aux migrants. Le pays a refusé de participer au programme européen de répartition de demandeurs d'asile syriens et irakiens bloqués en Grèce et en Italie. Ce programme - pourtant obligatoire au sein de l'UE - prévoyait la relocalisation de 120 000 personnes dans l'Union européenne. Mais seuls 29 000 réfugiés en ont bénéficié. La Pologne, elle, n'a accueilli personne.

Le pays fait partie du groupe de Visegrad ("V4") qui réunit aussi la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie. Ces quatre pays refusent en bloc la moindre politique d’ouverture en faveur des migrants. Tous ont fermé leurs frontières et ont coupé la fameuse "route des Balkans".

Depuis 2015, plus de 13 000 migrants sont morts noyés en mer Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe, selon le décompte de l’Organisation internationale des migrations (OIM).

 

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