Handicapé, et alors ? “Will”, une série pour enfants qui ne fait pas dans le drame

Dans son fauteuil, Will est un enfant comme les autres. Cette comédie d’animation, à redécouvrir sur France 3 et France 4 à l’occasion de la Semaine du handicap, sensibilise les plus jeunes au handicap. A partir de 7 ans.

Par Pascale Paoli-Lebailly

Publié le 19 novembre 2018 à 18h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h12

« Salut. Moi, c’est Will... A part ça ? J’ai 9 ans, un père, une mère, une petite sœur... une vraie famille en or, et des potes trop sympas ! Et sinon ? Ben, je suis en fauteuil... Mais t’inquiète, j’assure ! Basket, football, jeux de ballon divers, course à pied ou en fauteuil, jeux vidéo, télévision... avec mes amis, on est toujours à fond ! Enfile tes baskets, va falloir me suivre ! »

Le décor est planté, le ton est donné ! Ça roule pour Will, et malgré sa vie dans un fauteuil, ce jeune garçon de 9 ans regorge d’optimisme et d’activité. Librement adaptée, dans le graphisme comme dans les histoires, de la BD Schumi, signée Zidrou et E411 (David Evrard), cette série d’animation revient à l’antenne dans le cadre de la Semaine du handicap, du 19 au 25 novembre. Pleine de peps et de bonne humeur, elle n’a qu’un objectif : mieux sensibiliser les enfants à la différence et au handicap en le banalisant.

Pour passer le message, ce programme court adopte le registre de la comédie. Mais pour trouver le bon équilibre, les créateurs ont été conseillés par Adda Abdelli et Fabrice Chanut, les deux auteurs de la poilante série Vestiaires de France 2.

“Le handicap de Will est un des ressorts de ses aventures, mais il n’est pas au centre des histoires.”

Raconté à hauteur d’enfant, le quotidien en fauteuil de Will n’est pas toujours simple, mais il n’est certainement pas triste. Si le ton est direct et léger, la série ne pèche pas par excès de naïveté : moins militante que la BD, elle reste réaliste sur le quotidien et les difficultés rencontrées par les personnes à mobilité réduite. « Le handicap de Will est un des ressorts de ses aventures, mais il n’est pas au centre des histoires. Son fauteuil fait partie de ce qu’il est, au même titre que sa tchatche et son imagination », souligne Jérôme Nougarolis, le producteur de la série.

Will

Will © Cross River Productions

Humour et autodérision

Dans l’écriture comme dans la réalisation, le centre de gravité du programme, c’est le point de vue du héros. Will convie les enfants dans ses aventures en famille, avec ses amis, à la maison comme à l'extérieur, et livre dans chaque épisode son avis et ses réflexions sur l’histoire du jour. Jamais abattu, même lorsque son père lui explique que son rêve de devenir astronaute pourrait ne pas se réaliser, il sait utiliser l’arme de l’autodérision, voire de la moquerie. Par exemple lorsque son copain Guntmar lui envoie des remarques primaires ou lorsque Mégane le délaisse car la couleur du fauteuil n’est pas assortie à sa robe.

« Finalement, la différence, ce sont surtout les autres qui la renvoient au travers des préjugés, de la compassion déplacée, des remarques maladroites, estime Jérôme Nougarolis. On a d’ailleurs beaucoup appris au contact du groupe d’enfants handicapés avec lequel nous avons mené des ateliers de travail et un partage d’expérience. »

Will

Will © Cross River Productions

Ni moralisme, ni pathos

Agés de 12 à 18 ans, ces ados de l’institut d’éducation motrice (IEM) Les Chemins de traverse, de l’Association des paralysés de France (APF), ont notamment permis à la directrice d’écriture Valérie Boda d’aborder des sujets assez larges : au travers de leurs réactions sur les questions graphiques, sur les histoires et les situations, sur le quotidien du héros. « On a pu réinjecter dans le scénario leurs remarques sur le quotidien qui les fait rire, y compris les vannes marrantes mais pas blessantes qu’on peut leur lancer, sur ce qu’ils trouvent moins drôle comme le regard des autres, l’indifférence discrète. Il y a un petit peu d’eux partout : dans l’histoire d’astronaute, les anecdotes sur le sport, sur les ascenseurs bondés et même dans l’excès de gentillesse, ridicule et drôle à la fois, de Guy-Olivier, le copain de Will », assure Jérôme Nougarolis.

Ni moralisme, ni pathos : la série porte un regard distancié, tout en restant dans son registre de divertissement, suivant l’idée que le handicap fait partie de la société. Le format de deux minutes ne permet pas d’entrer dans la psychologie du héros ou dans l’opposition entre les personnages, mais il défriche quand même le terrain. Par exemple, en poursuivant sur la plateforme Ludo, où la série Will est prolongée dans un format webdocumentaire, intitulé Comme sur des roulettes, qui dresse le portrait et dépeint le quotidien de six enfants handicapés de 8 à 12 ans dans leur vie de tous les jours, leurs passions, leurs envies.

Will, un jeu pour mieux comprendre
Pour sensibiliser le jeune public à trois familles de handicaps (moteur, visuel, auditif), un jeu en ligne est par ailleurs disponible sur le site France.tv Education, sous la forme d’un parcours déroulé dans trois mondes différents et semé d’obstacles.
Un court métrage sur la langue des signes
A noter qu’à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, France 4 diffusera le 3 décembre à 11h45 le court métrage Clé à molette & Jo  on aime beaucoup, une touchante histoire d’amitié entre un robot bricolo extraterrestre et un garçonnet sourd et muet qui s’épanouit en langue des signes.

on aime un peu  Will, programme d’animation court de 52 x 2’. Diffusion en semaine à 11h35 sur France 4 et 8h05 sur France 3 dans le cadre de la semaine du handicap (du 19 au 25 novembre).

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