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Gilets jaunes : Eric Drouet est-il allé trop loin en appelant à un "soulèvement"?

Eric Drouet a pris ses distances avec le communiqué de son groupe Facebook, qui appelait samedi "à un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires" en réaction à la blessure du Gilet jaune Jérôme Rodrigues. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dit mardi souhaiter poursuivre ce leader du mouvement en justice.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
Eric Drouet le 3 janvier à Paris.
Eric Drouet le 3 janvier à Paris. © Sipa

"On soulève rien, en fait." L'un des leaders historiques des Gilets jaunes, Eric Drouet, est revenu lundi soir dans un live sur YouTube sur l'appel au "soulèvement" formulé sur son groupe "La France en colère!!!" deux jours plus tôt. Le chauffeur routier a tenu à préciser à ses soutiens qu'il n'avait pas été associé au communiqué, diffusé après l'hospitalisation de Jérôme Rodrigues, autre figure du mouvement , blessé à l'oeil au cours de l'acte 11 à Paris. "Ils ont repris des propos du communiqué", a assuré le gilet jaune, sans préciser de qui il parlait mais en visant probablement les médias. "Ils retiennent ce qu'ils veulent, ils déforment comme ils veulent. C'est eux qui sont dangereux justement à faire ça, parce que les gens vont le croire et le penser", explique-t-il d'ailleurs quelques secondes plus tard.

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A entendre Eric Drouet, ce serait donc d'abord un propos déformé. Diffusé sur les réseaux sociaux, le texte en question était signé "la France en colère!!!", en bas duquel était précisé qu'il s'agissait bien d'un "communiqué officiel" du groupe "créé par Eric Drouet". "Nous déclarons l'état d'urgence du peuple. Cela nécessite des mesures exceptionnelles. Nous appelons à un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires pour que plus personne ne soit victime de ces blessures de guerre", pouvait-on lire.

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Le terme "soulèvement était de trop", pour Drouet

Mais Eric Drouet précise surtout n'avoir pas relu ce texte avant sa publication. "Je n'étais même pas là en fait, moi j'étais au chevet de Jérôme quand l'équipe d'administrateurs l'a rédigée, ça été lancé comme ça, je n'ai lu aucun mot", explique-t-il aux internautes. "Je ne l'ai lu qu'après. Le mot soulèvement était de trop. Le reste je pense pas", fait-il aussi valoir, précisant n'avoir jamais prôné "d'appel à la casse ou je ne sais quoi". Peu avant, en réponse à un autre soutien, il affirmait ne pas soutenir "d'appel aux armes".

Dans un autre message, cette fois rédigé sur la page Facebook "La France en colère!!!", Eric Drouet précise que "s'il a donné [ses] directives", il n'a pas écrit ce texte "personnellement". "Le tort que j’ai eu est de ne pas avoir pensé que cela pouvait être mal interprété par les médias et la classe politique. Après l’avoir relu quelques minutes plus tard, je l'ai fait retirer au plus vite", indique-t-il. Le communiqué joint avec son message, signé une nouvelle fois "La France en colère!!!", abonde en assurant "vouloir rétablir la vérité" et en affirmant "n'avoir jamais fait d'appel à la haine, ou à la violence, ou à l'insurrection".

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Nouveau communiqué de la

Nouveau communiqué de la "France en colère !!!" sur Facebook après leur appel au "soulèvement".

(Facebook "la France en colère !!!")

Jusqu'à cinq ans d'emprisonnement pour le Gilet jaune? 

Mais malgré ce revirement, le mal est fait, aux yeux du gouvernement. Invité mardi matin de BFMTV, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a souhaité qu'Eric Drouet soit poursuivi par la justice, sur la base de ce communiqué. "Cette dernière déclaration relève à mon sens de l'infraction pénale. Nous ferons ce qu'on appelle un article 40 pour que le procureur décide s'il veut poursuivre ou pas. Vous vous rendez compte qu'il appelle à utiliser de nouvelles armes alors qu'aujourd'hui il y a des cocktails Molotov?" a lancé le patron de la place Beauvau.

"C'est un appel à l'insurrection. C'est quoi 'tous les moyens utiles et nécessaires'? Les boules de pétanque jetées sur les policiers, c'est déjà fait. Les pavés, c'est déjà fait. Les cocktails Molotov, c'est déjà fait", a-t-il aussi dit. Cette annonce de Christophe Castaner a fait réagir l'intéressé, qui s'est dit mardi "fatigué de ce gouvernement".

Eric Drouet réagit sur Facebook à la déclaration de Christophe Castaner qui dit vouloir le poursuivre en justice.

Eric Drouet réagit sur Facebook à la déclaration de Christophe Castaner qui dit vouloir le poursuivre en justice.

(Facebook)

Mentionné par le ministre de l'Intérieur, l'article 40 du Code de procédure pénale, déjà évoqué lors de l'affaire Benalla , oblige tout fonctionnaire ou autorité à prévenir la justice d'un délit ou d'un crime dont il aurait connaissance. Le Code pénal précise que "la provocation directe à la rébellion", à l'écrit ou l'oral, peut être punie de "deux mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende".

Eric Drouet peut aussi entrer sous le coup de l'article 24 de la loi sur la liberté de la presse, précise France Info , qui prévoit "jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende pour toutes "destructions, dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes" provoquées par un appel diffusé par voie de presse ou "tout autre moyen de communication". Quoi qu'il en soit, ce sera à la justice, si elle est bien saisie, de décider si le communiqué en question relève effectivement d'une infraction pénale. Il lui faudra pour cela caractériser cet appel "au soulèvement" comme une réelle volonté de nuire à autrui.

Drouet doit déjà être jugé le 15 février prochain 

Le Gilet jaune doit déjà faire face à l'institution judiciaire. Interpellé le 2 janvier à Paris et mis en garde à vue jusqu'au lendemain, il sera jugé le 15 février devant le tribunal correctionnel de Paris pour "organisation d’une manifestation non déclarée". Le leader Gilet jaune isque une peine pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende. Il avait été aussi arrêté le 22 décembre , notamment pour "port d’arme prohibé de catégorie D2" - il détenait un bâton - et sera pour cela jugé le 5 juin, toujours en correctionnelle.

Eric Drouet était déjà revenu en arrière après des propos polémiques. Sur BFMTV le 5 décembre, il se disait favorable à ce que les manifestants "entrent" dans l'Elysée lors de l'acte du 8 décembre. Mais le lendemain, sur Facebook, il disait vouloir "mettre les choses au clair" en assurant que cette sortie relevait plutôt du "symbole". "Je n'ai jamais dit que je voulais aller à l'Elysée pour tout casser, mais pour se faire entendre", justifiait-il. Le parquet de Paris avait alors ouvert une enquête pour "provocation à la commission d'un crime ou d'un délit", après un signalement de la préfecture de police.

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