Nicolas Canteloup à Paris le 20 octobre 2014

Nicolas Canteloup à Paris le 20 octobre 2014 (photo d'illustration).

afp.com/Martin Bureau

Des audiences qui ne cessent de dégringoler. Des journalistes web qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés ces prochains mois, la plupart étant pigistes. Mardi 9 avril, ils ont d'ailleurs fait grève afin de protester contre ces conditions précaires et l'incertitude sur leur avenir qui les plonge dans un profond désarroi.

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150 000 euros mensuels en 2016

Et puis, il y a Nicolas Canteloup. Dans une enquête de Mediapart, qui s'intéresse longuement aux différences salariales abyssales régnant au coeur de l'entreprise, on apprend que l'humoriste signe un contrat, en juillet 2016, d'un "montant mensuel forfaitaire et définitif de 150 755 euros HT. L'agent de Nicolas Canteloup, Jean-Marc Dumontet précise toutefois à Mediapart que cette somme comprend la rémunération de deux ou trois auteurs, sans toutefois préciser le montant de sa répartition. Parmi les auteurs connus de l'imitateur, on trouve Philippe Caverivière, Laurent Vassilian et Arnaud Demanche.

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Autre fait remarquable : Nicolas Canteloup a vu ces dernières années son contrat nettement revu à la hausse. En 2012-2013, indique le site, son salaire mensuel s'élevait à 115 500 euros, puis à 135 000 euros pour la saison 2015-12016.

Une façon de le faire rester ? Récemment, des rumeurs parlaient d'un éventuel départ de l'humoriste. "On a une grande liberté sur cette radio, c'est ce qui est très agréable. Mais là, objectivement, ça déconne. Il faut faire les bons choix, et je ne parle pas de Nikos Aliagas, qui est très bon, mais de la direction", avait alors indiqué un proche de l'humoriste à L'Express.

Canteloup "mégastar" et pilier d'Europe 1

À titre de comparaison, Anne Roumanoff, une autre figure de l'humour français, aurait négocié un contrat à un peu moins de 30 000 euros par mois, en 2016. Natacha Polony, elle, était payée 27 400 euros mensuels, comme le rappelle Mediapart, selon une information de L'Express. Joint par nos soins, Jean-Marc Dumontet n'a pas souhaité commenter l'enquête de Mediapart. Auprès des journalistes du site indépendant, il justifiait cette somme par le statut de Nicolas Canteloup, "mégastar" de la station. En novembre 2018, selon les chiffres de Médiamétrie, il n'échappait pourtant pas à la dégringolade de sa station : en un an, l'imitateur avait perdu environ 123 000 auditeurs.

Quant aux précaires d'Europe 1, ils sont loin d'un salaire à cinq ou six chiffres ! Mediapart raconte l'anecdote d'un pigiste touchant 2 000 euros mensuels brut et se retrouvant dans l'impossibilité de louer un logement convenable... À la fin du mois de mars, les salariés d'Europe 1 ont même envoyé une lettre ouverte à leur direction pour évoquer leur "état de stress et de fatigue psychologiques."

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Selon nos informations, l'enquête de Mediapart n'est pas passée inaperçue. La révélation de tels écarts de salaires au sein d'une même entreprise a même provoqué un "réel émoi dans la rédaction" d'Europe 1. "On se doutait que les salaires étaient hauts, et que les écarts importants, mais sans doute pas à ce point, explique un salarié de la station. On n'est pas naïfs, on connaît le jeu, mais on est écoeurés."

Après une réunion organisée ce vendredi, les pigistes d'Europe 1 ont par ailleurs appris que leur volume de piges allait baisser (et par conséquence, leur salaire, même si le montant de la pige, lui, ne baissera pas) avec un "nouveau projet web" qui allait être mis en place. Pour ce salarié, le constat est douloureux : "Dans ces mêmes murs du 2 rue des Cévennes se côtoient d'immenses fortunes - que l'on continue d'augmenter - et de grands précaires, à qui l'on continue de demander des efforts."