La Conférence des évêques de France est réunie depuis mardi à Lourdes en assemblée plénière. L'écologie est au menu des échanges. Mais les évêques catholiques évoqueront également l'éventuelle création d'une allocation financière de "reconnaissance" de la souffrance vécue pour les victimes de pédocriminalité dans l'Église.

Publicité

C'est aussi à cette occasion que la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), lancée en juin, présentera jeudi les premières conclusions de ses travaux et des témoignages recueillis par la voix de son président, Jean-Marc Sauvé.

LIRE AUSSI >> Pédophilie dans l'Eglise : les fidèles prêts à participer à l'indemnisation des victimes ?

"Nous avons à la fois lancé un appel à témoignages, le 3 juin, et commencé l'audition des victimes qui souhaitent être entendues. Nous avons reçu, à ce jour, 2500 signalements", a déclaré Jean-Marc Sauvé dans une interview à LCI. Il précise : "Ils émanent de la totalité du territoire national, même si nous devons faire un effort particulier sur les Outre-mer. Parmi les 2500 signalements, nous en avons 34 % qui émanent des gens âgés de 71 ans et plus, et 51 % qui ont 51 à 70 ans. 85 % des victimes ont 51 ans et plus".

Pour l'ex-vice-président du Conseil d'État, si ces témoignages sont "nombreux", ils sont toutefois "clairement insuffisants au regard de l'ampleur prévisible des abus sexuels sur une période de 70 ans", a-t-il estimé.

Près de 90 % des victimes étaient mineures au moment des faits

"Ces 2500 signalements ne sont donc qu'une petite partie des abus : cela veut dire que cet appel n'a pas encore été entendu dans les divers milieux de la société française", a regretté Jean-Marc Sauvé, qui souhaite "convaincre les hommes et les femmes abusées de se faire connaître". La Ciase réalisera dans les prochaines semaines un tour de France pour encourager les personnes ayant subi de tels actes de la part d'ecclésiastiques à prendre la parole. Son rapport devrait quant à lui être rendu début 2021, selon son président.

VOIR AUSSI >> Les plus grands scandales de pédophilie dans l'Église

Les auditions de victimes se font via des "comités restreints composés de deux ou trois personnes, plus un preneur de notes qui fait le compte rendu", a précisé Jean-Marc Sauvé. "Parmi les écoutants, figure toujours un psychologue, un psychiatre et un psychanalyste, homme et femme, et les auditions se déroulent dans un cadre aussi neutre que possible", a-t-il expliqué.

Pour Jean-Marc Sauvé, il est à l'heure actuelle "prématuré" de dresser le profil type des victimes d'abus sexuels. "Mais pour l'essentiel, 87 % des personnes étaient mineures au moment des faits. Les 13 % restants étaient majeures mais vulnérables", a-t-il dévoilé. "En l'état, la grande majorité des victimes ont été agressées alors qu'elles avaient entre 6,7 et 13 ans", a-t-il ajouté, évoquant donc "massivement de la pédophilie".

"Lorsqu'il s'agit d'adolescents, ce sont nettement plus des femmes que des hommes. Avant l'adolescence, les victimes sont en majorité écrasante, des garçons. Mais ces données sont encore très provisoires et pourront évoluer", a détaillé le haut fonctionnaire à LCI. Il a par ailleurs précisé que, "à ce stade", les "3/4 des abus sexuels sont commis dans le cadre familial".

LIRE AUSSI >> Pédophilie : l'Église auto-réformable ?

"Les abus sexuels sont épouvantables et engendrent souvent les conséquences très graves sur le long terme. Ces abus brisent ou bouleversent des vies", a rappelé Jean-Marc Sauvé.

Si vous avez été victime ou témoin d'abus sexuels commis par des prêtres, des religieux ou religieuses, la Ciase invite à prendre contact avec l'équipe mise en place à sa demande par la fédération France Victimes.

La Ciase est joignable 7 jours sur 7 de 9 h à 21 h par téléphone au 01 80 52 33 55, par mail : victimes@ciase.fr ou par courrier : Service CIASE - BP 30132 - 75525 Paris cedex 11