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Bob Dylan, Kraftwerk, Beastie Boys… Six documentaires musicaux à ne pas manquer

Chaque lundi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » ses choix en matière de musique. Cette semaine, plongez notamment dans les histoires d’une tournée mythique, des pionniers de l’électro ou d’un groupe de rap légendaire.

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Publié le 17 mai 2020 à 23h46, modifié le 01 août 2022 à 15h23

Temps de Lecture 7 min.

LA LISTE DE LA MATINALE

Concerts, histoires d’un groupe ou d’une tournée mythique, plongée dans le fonctionnement d’un lieu ou d’un festival… Nous vous proposons une sélection de documentaires sur la musique, du jazz à l’électro, du rock à l’opéra. A voir sur des chaînes de télévisions, spécialisées ou généralistes, des plateformes de diffusion, des sites dédiés.

« Tribute to John Coltrane », par Archie Shepp All Star

« Tribute to John Coltrane », par Archie Shepp All Star, lors du festival Jazz à la Villette, le 4 septembre 2016.

Archie Shepp, sax ténor, a joué avec Coltrane et pour Coltrane (Ascension, 1965). Son « Tribute to John Coltrane », lors du festival Jazz à la Villette, le 4 septembre 2016, n’a rien d’une ficelle publicitaire. Même sur Mezzo où le « jazz », question de moyens, n’apparaît pas forcément sous son meilleur jour (litote…), Archie Shepp (né en 1937) reste un formidable animal d’image.

Très classe, tiré à quatre épingles par égard pour le public, impavide, des regards aussi affectueux qu’attentifs pour ses partenaires, le grand Archie s’entoure d’une rythmique de luxe (Jason Moran au piano, Richard Davis à la contrebasse, Billy Hart à la batterie) et dirige une légion de jeunes lions fidèles. C’est sidérant. Sidérant quand il joue, quand il ponctue d’une fusée éclairante… Sidérant quand il chante Prelude To The Kiss… Sidérant quand chante, droit au cœur, Marion Rampal (Blasé)… Il est possible, voire souhaitable que vous vous fassiez du « jazz » (ce vieux machin) une certaine idée. Chance ! Foncez sur Mezzo. Ce n’est pas toutes les nuits qu’on a l’occasion d’être sidéré en jazz à la télévision. Francis Marmande

« Tribute to John Coltrane », par Archie Shepp All Star, 50 mn, sur Mezzo, plusieurs diffusions du 19 mai, à 0 h 05, au 18 juin à 21 h 10, dont le 21 mai (0 h 30), le 27 mai (5 h 25) et le 3 juin (0 h 50).

« Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story by Martin Scorsese »

C’est la troisième fois que le regard de Martin Scorsese s’arrête sur le parcours – ou une de ses stations – pour le moins sinueux de Bob Dylan, après The Last Waltz (1978) et No Direction Home (2005). Et c’est avec toute sa fantaisie et sa malice que le cinéaste américain, en bon disciple de Méliès, a choisi de raconter (notamment à partir des images du film kaléidoscopique de Dylan, Renaldo and Clara, naufrage commercial en 1978) la Rolling Thunder Review, cette tournée itinérante que le barde sphinxial avait improvisé à l’automne 1975 dans de modestes salles du nord-est des Etats-Unis, en réunissant des compagnons de route tels Joan Baez ou Roger McGuinn.

Entre documentaire et fiction, vérité et conte (avec la complicité de Dylan lui-même ou de… Sharon Stone), Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story by Martin Scorsese orchestre la rencontre au sommet de deux maîtres des illusions pour célébrer les pouvoirs magiques du cinéma et le triomphe d’une musique en roue libre. Bruno Lesprit

« Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story by Martin Scorsese », 142 mn, sur Netflix.

« L’Opéra », de Jean-Stéphane Bron

Le cinéaste suisse, Jean-Stéphane Bron, jusqu’alors connu pour ses documentaires chocs sur des grands sujets de société, de la génétique à la crise des subprimes (Cleveland contre Wall Street, 2010), en passant par la campagne électorale d’un candidat d’extrême droite (L’Expérience Blocher, 2013), a sorti en avril 2017 son premier film consacré au milieu de la culture : L’Opéra.

Mais plus qu’un passage au crible de l’Opéra de Paris, dont Stéphane Lissner lui a ouvert les portes, les caméras de Jean-Stéphane Bron se sont attachées à la vie passionnée des gens, des loges d’artistes aux ateliers de couture, du plateau des répétitions aux soirées d’opéra vécues derrière les coulisses. L’histoire d’un mythe à la gloire du chant, de la danse et de la musique.

Traits d’humour, saynètes parfois cruelles et moments de grâce se succèdent, comme pour ce jeune baryton-basse russe, passé du fin fond de l’Oural à l’Atelier lyrique parisien, ces collégiens des quartiers défavorisés préparant leur concert de fin d’année, ou les tribulations du monstrueux Easy Rider, taureau de chair dans un caisson de plexiglas, abreuvé aux sources dodécaphoniques du Moïse et Aaron de Schoenberg pour le metteur en scène Romeo Castellucci. Un vrai plébiscite public, que ne démentira pas la mise en ligne en accès libre, du 18 au 24 mai – uniquement en France – sur les sites de l’Opéra de Paris et de France Télévisions. Marie-Aude Roux

« L’Opéra », de Jean-Stéphane Bron, 110 mn, sur Operadeparis.fr et France.tv, du 18 au 24 mai.

« Kraftwerk – Pop Art », de Simon Witter et Hannes Rossacher

La prochaine diffusion de « Kraftwerk – Pop Art » sur Arte aura lieu le vendredi 29 mai à 22 h 25.

Florian Schneider, cofondateur de Kraftwerk, est mort le 21 avril, à l’âge de 73 ans. Arte rend hommage à son groupe pionnier de la musique électronique, en rediffusant le documentaire Pop Art de Simon Witter et Hannes Rossacher, sorti initialement en 2013. « Notre musique n’est pas influencée par la campagne mais par la ville et les machines. Elle reflète cette réalité », résumait son autre cofondateur, Ralf Hutter, en 1981. Affilié à ses débuts en 1970 à la mouvance rock expérimentale germanique appelée Krautrock, le quatuor de Düsseldorf s’en écarte rapidement pour partir en quête d’une nouvelle forme d’expression musicale, à la fois urbaine, pop, résolument moderne.

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Le documentaire d’ailleurs ne se contente pas d’un récit chronologique consensuel à ce genre de format, mais propose plutôt une analyse poussée sur l’œuvre conceptuelle et l’influence du groupe, qui s’étend bien au-delà de la sphère musicale, en premier lieu l’art contemporain et les nouvelles technologies : notamment par leur esthétique visuelle influencée par Bauhaus et le constructivisme (leur portrait cravaté sur l’album Trans Europe Express en 1975, les pose alors comme lantithèse d’un groupe de rock) ou encore leur langage novateur qui préfigure l’ère numérique. Un éclectisme qui se reflète dans les témoignages recueillis ici, notamment le musicien Holger Czukay (Can), la commissaire de la Tate Modern Catherine Wood, le photographe du groupe Peter Boettcher, le graphiste Neville Brody, ou le DJ français François Kevorkian. Franck Colombani

« Kraftwerk – Pop Art », de Simon Witter et Hannes Rossacher, 60 mn, prochaine diffusion le vendredi 29 mai à 22 h 25, sur Arte.tv, disponible jusqu’au 7 août.

« Papillons de nuit – Festival : quand mon village résiste », de Tom Graffin

« Papillons de nuit – Festival : quand mon village résiste », de Tom Graffin, est visible en replay sur France Télévisions.

Prévu du 29 au 31 mai, pour sa 20e édition, reporté du 21 au 23 août et finalement annulé en raison de la crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19, le festival Papillons de nuit est l’objet d’un documentaire conçu et réalisé en 2018 et 2019, qui a été diffusé le 14 mai sur France 3 et est visible en replay. Tout commence par quelques vues des rues quasi vides du village normand de Saint-Laurent-de-Cuves (Manche), 480 habitants, qui voit arriver plus de 70 000 personnes durant les trois jours de ce festival associatif. Sans commentaires en voix off, par la parole des bénévoles, jeunes et anciens, des organisateurs, des équipes techniques, le réalisateur Tom Graffin raconte la manifestation.

Bien en amont, il faut mettre en place la programmation, avec plusieurs mois d’avance commencer la construction des structures de menuiseries. Le spectateur est convié aux multiples réunions de l’association, le soir, le week-end. Dans la chronologie de l’organisation il y a des temps forts, dont la mise en vente des premiers billets, le démarrage de l’installation du site, deux mois avant l’ouverture, l’accélération dans les derniers jours… De bout en bout, Tom Graffin fait partager l’enthousiasme de toutes celles et ceux qui participent au festival, l’attachement à leur Papillons de nuit. Puis ce sont les trois jours du festival, avec quelques séquences des concerts en 2019, un déroulé des trois jours vu des coulisses. Passionnant et profondément humain. Sylvain Siclier

« Papillons de nuit – Festival : quand mon village résiste », de Tom Graffin, 50 mn, sur France.tv, jusqu’au 13 juin.

« Beastie Boys Story », de Spike Jonze

L’affiche du documentaire « Beastie Boys Story », de Spike Jonze.

Deux heures de documentaire sur un groupe de rap où ses deux protagonistes encore en vie, Mike Diamond et Adam Horovitz, racontent simplement leur histoire sur une scène de théâtre pourraient paraître fastidieuses à regarder. C’est sans compter l’humour, l’autodérision et l’insouciance légendaires des Beastie Boys, « le plus grand groupe de rap de tous les temps » dixit leurs premiers producteurs, Russell Simons et Rick Rubin.

Beastie Boys Story est une plongée dans le New-York des années 1980, un stand-up loufoque et émouvant sur l’histoire de trois petits blancs, punks, amoureux de la culture hip-hop : MCA (mort d’un cancer en 2012), Mike D, et Ad-Rock, qui se retrouvent emportés dans le tourbillon d’une industrie musicale naissante. D’ordinaire, les documentaires musicaux sont une suite d’images d’archives et d’entretiens des musiciens et de leur entourage. Ici, le réalisateur Spike Jonze, qui a tourné le clip le plus déjanté des Beastie, le fameux Sabotage, a pris le parti d’une réalisation en abyme où, devant un public hilare, Mike D et Ad-Rock commentent les images d’archives en direct. Le premier documentaire conçu comme un concert. Stéphanie Binet

« Beastie Boys Story », de Spike Jonze, 119 mn, sur Apple TV. Profitez de réductions Apple.

« Spectacle : Elvis Costello with… »

Certes, mieux vaut maîtriser la langue des Beatles pour profiter du Spectacle, car cette production anglo-canadienne, diffusée de 2008 à 2010 sur Channel 4 en Grande-Bretagne et sur CTV au Canada, n’a jamais été adaptée pour un public francophone. Mais avec quelques notions d’anglais, quel plaisir de découvrir sur Youtube la vingtaine d’émissions présentées, animées et interprétées par Elvis Costello ! Enfant de Liverpool empruntant le prénom du King (accolé avec dérision au nom de jeune fille de sa maman), Declan MacManus s’est imposé, à la fin des années 1970, comme l’un des plus brillants songwriters de sa génération. D’abord connu pour ses chansons bilieuses, le « jeune homme en colère » s’est ensuite révélé un encyclopédiste prolifique des musiques populaires.

Une passion qui lui permet d’accueillir et d’interviewer brillamment dans Spectacle un florilège d’artistes visiblement heureux de se confier à l’un de leurs pairs. Trépidant Monsieur Loyal accompagné par un groupe de haut vol (avec, entre autres, ses éternels complices, le batteur Pete Thomas et le pianiste Steve Neive), Costello recueille des témoignages de stars (Bruce Springsteen, Bono et The Edge, The Police, Elton John et même… Bill Clinton), de figures historiques (Allen Toussaint, Nick Lowe, Smokey Robinson, Kris Kristofferson, Herbie Hancock, Tony Bennett…) ou de plus jeunes confrères (Rufus Wainwright, Ron Sexsmith…), replongeant aux origines de leur carrière, avant de pousser la chansonnette avec ses hôtes pour des versions, souvent très inspirées, de leurs classiques.

Parmi les sommets de ces deux saisons : un entretien passionnant avec Lou Reed (notoire torpilleur d’interviews), l’icône new-yorkaise et l’Anglais interprétant aussi ensemble Set The Twilight Reeling et un magnifique Perfect Day. Stéphane Davet

« Spectacle : Elvis Costello with… », une série d’émissions de 50 mn sur Youtube. Profitez de réductions avec les codes promo Cultura

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