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Covid-19 : Sibeth Ndiaye met le fiasco de la communication gouvernementale sur le dos des Français
MARTIN BUREAU / AFP

Covid-19 : Sibeth Ndiaye met le fiasco de la communication gouvernementale sur le dos des Français

"C'est pas ma faute..."

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Auditionnée ce mercredi 23 septembre par la commission d'enquête sénatoriale, l'ancienne porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a soutenu que les doutes et critiques suscités par les choix de l'exécutif au début de l'épidémie étaient le résultat d'un "défaut d'acculturation scientifique de la population française".

Comme d'habitude, "trop intelligent, trop subtil, trop technique" pour les modestes cervelles françaises. Auditionnée ce mercredi 23 septembre par la commission d'enquête sénatoriale chargée de faire la lumière sur la gestion de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement, son ancienne porte-parole, Sibeth Ndiaye, a soutenu que les doutes et critiques suscités par les choix et la communication défaillante de l'exécutif au début de l'épidémie étaient le résultat d'un manque de familiarité des Français avec la méthode scientifique.

"Je crois qu'on a souffert au cours de cette crise d'un défaut d'acculturation scientifique de la population française", a avancé celle qui éclatait de rire début mars sur France Inter lorsqu'on lui demandait si elle avait acheté des masques pour sa famille. Dans un développement confinant à la condescendance, Sibeth Ndiaye estime en effet que les rouages du processus scientifique auraient échappé à une opinion renvoyée à l'image d'une masse affolée et ignorante.

"Quand on devait expliquer que quand il fallait tester un traitement (...) ça prenait des semaines et des semaines, on était confronté à des gens, sur des plateaux de télévision, où même à des citoyens (...) qui vous disaient : 'Mais pourquoi ce n'est pas oui ou non ? Pourquoi c'est pas blanc ou noir, et pourquoi ce n'est pas tout de suite ? Comment vous, qui êtes censés être l'élite politique, médicale, de décideurs, vous êtes incapables de dire si c'est maintenant, tout de suite ?'"

"On vous accuse d'atermoyer"

Concédant certes que "tout n’a[vait] pas été bien fait", l'ancienne porte-parole du gouvernement s'est toutefois cramponnée à l'idée que le problème de communication se situait davantage du côté des récepteurs du message gouvernemental : "Expliquer qu'on part d'hypothèses, que ces hypothèses doivent être testées, qu'il faut que plusieurs bras expérimentaux sur les médicaments convergent pour donner la même réponse et que c'est à partir de là qu'on donnera une réponse définitive, ça a été très difficile." Si difficile que Sibeth Ndiaye l'a elle-même résumé en une phrase devant la commission.

Mais l'ancienne porte-parole ne désarme pas pour autant : "En aucun cas le gouvernement n'a manqué ni de célérité, ni de concentration, ni d'attention au moment de rentrer dans cette pandémie", assure-t-elle. Evacuant les questions ô combien légitimes des stocks de masques, des difficultés rencontrées pour tester la population, ou du manque de moyens constatés dans les hôpitaux, la nouvelle responsable du pôle "idées" de La République en marche préfère pointer du doigt... l'air du temps. "Ça marque le rapport au temps de notre société. Aujourd’hui, on veut que d’un claquement de doigts, toutes les réponses aux questions qu’on se pose, soient apportées immédiatement", a-t-elle expliqué. "Dès que vous allez sur un plateau de télévision quand vous êtes un décideur politique pour dire : c’est plus compliqué que ça, réfléchissons, prenons le temps, on vous accuse d’atermoyer, on vous dit que vous n’allez pas assez vite."

Des propos repris de volée par le sénateur LR René-Paul Savary, médecin et vice-président de la commission d'enquête : "Vous dites, qu’en temps de crise, il faut de la transparence dans la communication, de la pédagogie, de la compréhension et vous n’avez pas employé un mot qui serait simple et compris par tout le monde : dire la vérité. Et vous parlez de défaut d’acculturation scientifique dans la population.... Est-ce que ce n’est pas la marque de la défiance des autorités par rapport à la population ?"

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne