LES PLUS LUS
Publicité

Edouard Philippe au JDD : "Avant les fêtes, nous devons tous être responsables"

L'ancien Premier ministre et maire du Havre, Edouard Philippe, détaille l'opération de dépistage massif lancée à partir de lundi dans sa ville et encourage les Français à se faire tester avant Noël.

Christine Ollivier , Mis à jour le
Edouard Philippe, maire du Havre, dans son bureau.
Edouard Philippe, maire du Havre, dans son bureau. © Arnaud Tinel/Hans Lucas pour le JDD

A partir de lundi, votre ville, Le Havre, se lance dans une opération pilote de dépistage massif en plein débat sur l'utilité des tests. Faut-il encourager les Français à se faire tester avant les fêtes?
Oui, bien sûr. Il est important de savoir si on est porteur du virus et si on peut mettre en danger nos proches. Évidemment, ce n'est pas parce qu'on est négatif le 16 décembre que le 18 on est protégé. C'est une photographie, qui perd de sa signification ensuite. Mais au moment où elle est faite, c'est une information importante à connaître. Avant les fêtes, nous devons tous être responsables vis-à-vis de nos amis, de notre famille. C'est une forme de discipline collective que nous devons avoir. C'est pour cela que nous avons aussi prévu un moment d'échange, entre le test et son résultat, pour répondre aux questions.

Publicité

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué jeudi que le test n'était pas un "totem d'immunité". A-t-il raison?
Oui. C'est pourquoi nous rappellerons les gestes barrière qu'il faut continuer à respecter. Nos concitoyens le comprennent parfaitement.

La suite après cette publicité
"

Nous avons mis les moyens pour que ceux qui viendront soient accueillis dans les meilleures conditions

"

Votre campagne de dépistage massif au Havre va durer cinq jours. Concrètement, comment allez-vous procéder?
L'idée est de proposer aux 270.000 habitants des 54 communes de la communauté urbaine du Havre de venir se faire tester, sans rendez-vous et gratuitement, avec un résultat dans la demi-heure. Pour parvenir à accueillir le plus de monde possible, nous avons organisé avec les services de l'État une mobilisation assez exceptionnelle, sur plus de 50 sites différents : dans les pharmacies, laboratoires et cabinets médicaux, bien sûr, mais aussi dans 20 centres conçus pour accueillir plus de 500 personnes par jour, et même 1.000 pour certains.

La suite après cette publicité

Lire aussi - Covid-19 : déjà un rebond des contaminations?

Qui procédera aux tests?
Au début des tests lors de la première vague, nous avions buté au niveau national sur le nombre de personnes capables d'effectuer ces prélèvements. Au Havre, nous avons donc mobilisé beaucoup de gens : 250 élèves de l'école d'infirmiers, mais aussi les pharmaciens, les médecins, la protection civile, la Croix-Rouge… Une centaine d'agents de la Ville et de la communauté urbaine viendront aussi aider pour l'accueil et l'orientation. Nous avons mis les moyens pour que ceux qui viendront soient accueillis dans les meilleures conditions. Quelques entreprises de la zone industrialo-portuaire sont aussi volontaires pour participer, via la médecine du travail. Et en collaboration avec l'Éducation nationale, des tests seront proposés aux personnels dans tous les établissements scolaires, et à tous les élèves dans quatre lycées.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
"

Si on testait 50% de la population, je serais le plus heureux des hommes!

"

De quels types de tests s'agira-t-il?
Des tests antigéniques pour l'essentiel. Mais deux centres sur les 20 feront des tests PCR.

Quelle proportion des 270.000 Havrais espérez-vous pouvoir tester?
Je ne me fixe pas d'objectif. À Liverpool, ils ont réussi à tester environ un tiers des 500.000 habitants en quatre jours. Si on testait 50% de la population, je serais le plus heureux des hommes! Nous serons sans doute en dessous, mais si nous parvenons à dépister un nombre significatif de personnes, nous découvrirons forcément des cas asymptomatiques, des gens positifs alors qu'ils ne le savaient pas. Et, ainsi, on évitera des transmissions, on pourra casser une chaîne de contamination. Ça n'a pas de prix, surtout à l'approche de Noël.

Ce dont il ne veut pas parler

Le Havre, tout Le Havre, mais seulement Le Havre. S'il a accepté, pour la première fois depuis son départ de Matignon, de s'exprimer pour détailler dans le JDD la campagne de dépistage massive qu'il pilote dans sa ville, l'ex-Premier ministre avait posé une condition: ne pas aborder les questions de politique nationale. L'homme politique préféré des Français (selon le tableau de bord Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio) a donc éludé toute question ne concernant pas directement sa commune. Qu'on mentionne le nom de Laurent Wauquiez, qui lance aussi cette semaine une campagne de dépistage massif dans sa Région d'Auvergne-Rhône-Alpes, et Philippe se crispe aussitôt. Alors qu'il reçoit demain le ministre de la Santé, Olivier Véran, on ne saura rien non plus de son avis sur la gestion de la crise par son successeur, Jean Castex…  C.O.

Lire aussi - Edouard Philippe va travailler sur une série (tirée de son propre livre)

Quel est l'objectif de cette opération?
Nous proposons aux Havrais un service qui a une utilité individuelle : beaucoup de gens ont envie de savoir, parce qu'ils sont angoissés et veulent pouvoir rassurer leurs proches. Et puis reconnaissons que ce virus surprend beaucoup et que nous ignorons encore bien des choses sur lui. Tester massivement peut donc nous donner des informations intéressantes sur la circulation du virus, les publics touchés, nous permettre de confirmer des hypothèses ou de découvrir des éléments qu'on n'attendait pas… Autant d'informations précieuses ensuite pour la gestion de l'épidémie. C'est donc utile individuellement, utile collectivement et utile scientifiquement.

Y aura-t-il un dispositif d'accompagnement pour isoler les cas positifs?
Nous avons beaucoup travaillé avec les services de l'État, et la mairie, au Havre, proposera un accompagnement à ceux qui en font la demande. Des repas, des médicaments ou des livres seront livrés à domicile chez ceux pour qui l'isolement peut être compliqué.

"

Je ne suis pas un grand fan des piqûres mais je sais ce que l'humanité doit aux vaccins

"

Pourquoi Le Havre a-t-elle été choisie comme ville pilote? Est-ce vous qui vous êtes portés candidat?
La première vague avait peu concerné la ville. Mais lors de la deuxième, l'agglomération a été la plus touchée de Normandie, avec un taux d'incidence supérieur à 500 pour 100 000 au moment du pic. Les chiffres ont baissé depuis. Mais, comme dans le reste du pays, on constate une stabilisation et une légère remontée des admissions à l'hôpital et du nombre de cas. Le taux d'incidence est passé de 65 pour 100.000 la semaine dernière à 70. Nous avons par ailleurs développé, au cours de la deuxième vague, un pilotage collectif très fluide entre l'État, les services hospitaliers, la médecine libérale et les Ehpad. L'ARS a vu qu'il y avait une culture du travail collectif qui fonctionnait bien. Et quand on nous a proposé cette opération, nous avons très vite répondu. Les 54 maires de l'agglomération m'ont tout de suite dit : "C'est utile, on y va et on verra comment ça se passe."

Lire aussi - Covid-19 : un nouveau dispositif d'isolement des malades est à l'étude

Et vous, allez-vous vous faire dépister?
Bien entendu.

L'étape d'après, c'est la vaccination. En tant que maire, avez-vous déjà été sollicité par l'Etat pour cette opération?
Pas encore. Ce sera une étape importante et on l'abordera avec le même esprit de sérieux et de travail, en bonne intelligence avec tous les acteurs concernés.

Il y a une grande réticence des Français à l’égard des vaccins. Le moment venu, avez-vous prévu de vous faire vacciner?
Je me ferai vacciner, oui, bien sûr. Je n'ai aucune appréhension face aux vaccins. Je ne suis pas un grand fan des piqûres mais je sais ce que l'humanité doit aux vaccins. Et la remise en cause permanente, et souvent désinvolte, de la science me laisse, je dois dire, perplexe.

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
L'augmentation des infections causées par ce nouveau variant du coronavirus suscite des inquiétudes.
Société

Covid-19 : ce que l'on sait du nouveau variant Pirola

L'attention de la communauté scientifique internationale est focalisée sur Pirola, un nouveau variant d'Omicron, détecté pour la première fois sur le sol français. Point sur ce que l'on sait de ce « super-mutant ».

Publicité