Professeurs accusés d’islamophobie : comment Sciences-po Grenoble s’est enflammé

Jeudi 4 mars, les noms de deux professeurs accusés d’islamophobie ont été placardés sur la façade de l’établissement par des mains anonymes. Le résultat d’une incroyable fuite en avant, nourrie d’egos et d’un climat passionnel autour des débats universitaires sur l’Islam.

 Sciences-po Grenoble (Isère), le 9 mars. Des étudiants manifestent devant l’école contre l’islamophobie, quelques jours après les accusations contre deux professeurs.
Sciences-po Grenoble (Isère), le 9 mars. Des étudiants manifestent devant l’école contre l’islamophobie, quelques jours après les accusations contre deux professeurs. AFP/Philippe Desmazes

    Un visage de bronze, mi-démon mi-bouddha, surveille les allées et venues devant l'institut d'études politiques (IEP) de Grenoble. Hypnos, le dieu grec du sommeil, garde un secret sous ses paupières closes. Jeudi 4 mars, l'aube a fait surgir sur la façade de Sciences-po une flopée d'accusations en lettres capitales. « Balance ton IEP », « Sciences Porcs ». À gauche de la porte principale, trois lignes ont claqué sur le béton brut : « Des fascistes dans nos amphis. Klaus Kinzler et T. démission. L'islamophobie tue ».

    Allure de collégienne, avec son sac à dos vissé sur les épaules, Emma, syndicaliste étudiante en sciences sociales, lève un regard contrit. Ce matin-là, la présidente de l'Unef Grenoble, est tombée sur les slogans en sortant du tram. Le groupe de camarades, bercés depuis des mois par le mouvement MeToo, dégaine aussi sec les smartphones. Le souvenir de Samuel Paty, assassiné il y a 5 mois par un jeune radicalisé qui avait cherché sa cible sur Internet, ne les effleure pas…