Ce petit dessin pourrait presque passer inaperçu mais s’apprête peut-être à battre des records. C’est en tout cas ce qu’espère la maison Christie’s, qui a annoncé le 8 mai dernier que cette Tête d’ours dessinée par Léonard de Vinci (1452-1519) serait présentée aux enchères à Londres le 8 juillet prochain. Cette étude du maître italien, qui fait partie des quelques derniers dessins encore en mains privées dans le monde, sera d’abord exposée dans les locaux de Christie’s, à New York et à Hong Kong, avant de rejoindre Londres. Estimée entre 8 et 12 millions de livres sterling, la Tête d’ours pourrait pulvériser le précédent record de vente pour un dessin de De Vinci, établi en 2001 par Cheval et cavalier, vendu par Christie’s au prix de 8 millions de livres sterling (9,7 millions d’euros).
Une pièce importante de l’œuvre de Vinci
Réalisée dans la première moitié des années 1480, cette esquisse à la pointe d’argent sur papier de 7×7 centimètres associe la grandeur de la signature du maître, un pedigree notable ainsi qu’une grande rareté. Tous les ingrédients semblent donc réunis pour qu’elle anéantisse tous les anciens records. Selon les experts, cette Tête d’ours fait en effet partie d’un lot de 4 esquisses réalisées à peu près au même moment sur un papier similaire. Ce lot regroupe une étude de deux chats et un chien, conservée au British Museum, un dessin de pattes de chien exposé en Écosse et un ours en train de marcher, présent dans les collections du Metropolitan Museum de New York. Les spécialistes du génie italien estiment également que cette étude d’ours a pu servir à Vinci pour peindre la Dame à l’Hermine (1489). L’animal que tient la femme dans cette peinture conservée au musée de Cracovie présente en effet des traits faciaux ressemblant fortement à ceux de la Tête d’ours.
Futur record en vue
Les anciens propriétaires de cette œuvre lui confèrent un caractère d’autant plus remarquable. On sait qu’elle est notamment passée par les mains de Sir Thomas Lawrence (1769-1830), le portraitiste officiel du roi d’Angleterre George IV, dont la collection de dessins était aussi riche que reconnue. Vendu en 1860 par Christie’s pour à peine 2,5 livres sterling, il a par la suite intégré la collection du capitaine et grand collectionneur d’art Norman Robert Colville, connu pour avoir possédé la Tête d’une muse dessinée par Raphaël, vendue aux enchères pour près de 30 millions de livres sterling en 2009. Par ailleurs, la Tête d’ours a eu l’occasion d’être exposée dans différents musées aux quatre coins du monde, notamment à Londres, Abu Dhabi, Moscou et Saint-Pétersbourg.
Le dessin a depuis entamé un nouveau tour du monde et est actuellement présenté chez Christie’s à New York. Il passera par Hong Kong du 20 au 25 mai prochain avant de s’envoler pour Londres, où les curieux pourront l’admirer du 1er au 6 juin. « Christie’s est fière de proposer une œuvre du plus grand dessinateur que le monde ait jamais connu » , explique Stijn Alsteens, le directeur du département des Maîtres anciens chez Christie’s Paris. « J’ai toutes les raisons de croire que nous atteindrons un nouveau record en juillet pour la Tête d’ours, l’un des derniers dessins de Léonard de Vinci que l’on peut espérer trouver un jour sur le marché ».
‘Head of a Bear’ by #LeonardodaVinci is an exceptional drawing in silverpoint on prepared paper, a demanding technique that he learned from his master #Verrocchio. Measuring 2 ¾ x 2 ¾ in. (7 x 7 cm). Now on view in New York; auction in London on 8 July. £8-12M #littlestleonardo pic.twitter.com/ae71uDjiEJ
— Christie’s (@ChristiesInc) May 8, 2021