Dans l’Oise, les bikers solidaires prennent soin des enfants placés, et ils ont besoin de vous

Depuis plus de dix ans, les motards des Gallic Brothers parrainent des enfants placés dans des centres du département. Ils organisent ce dimanche leur run solidaire afin de lever des fonds.

Les Gallic Brothers préfèrent, quand ils le peuvent, rester anonymes. "Ce qui importe, ce sont nos actions, voir nos têtes dans le journal, cela ne nous intéresse pas forcément", lâche l'un d'eux. LP/Simon Gourru
Les Gallic Brothers préfèrent, quand ils le peuvent, rester anonymes. "Ce qui importe, ce sont nos actions, voir nos têtes dans le journal, cela ne nous intéresse pas forcément", lâche l'un d'eux. LP/Simon Gourru

    Sur la photo, on ne saurait dire lequel est le plus ému. Un groupe de bikers encadre fièrement un jeune perché sur un scooter. Malgré leur apparence de gros durs, les Gallic Brothers sont tout sourire, certains ont presque les larmes aux yeux.

    La scène se déroule au mois de juillet. Les « Gardiens des enfants » comme l’annonce le patch posé au bas du dos de leur gilet en cuir, engagés dans la lutte contre la maltraitance des enfants, viennent d’offrir un scooter à un jeune qu’ils parrainent.

    Beaucoup d émotion cette après midi Grâce à votre soutient le gallic Brothers à offert un scooter neuf à un de nos protégés qui commence un CAP cuisine en alternance

    Posted by Gallic Brothers on Saturday, July 10, 2021

    « Il bosse en horaires décalés, mais n’a aucun moyen de locomotion, alors on a cassé la tirelire », justifie Turkish. Mais les fonds des bikers ne sont pas inépuisables. Alors ils organisent ce dimanche leur run solidaire, une journée concerts et animations à Saint-Maximin. « Notre seule source de revenus », précise le biker.

    Au départ, ce ne sont que quelques « passionnés de bécanes » qui avaient envie de se rendre utiles. Ils se tournent vers les Bikers Against Child Abuse, une association américaine engagée contre la maltraitance des enfants dont ils deviennent le chapitre officiel français.

    Déjà une vingtaine d’enfants parrainés

    En 2015, le lien est rompu avec les États-Unis, « trop compliqué à gérer », et une partie du club lance les Gallic Brothers. Depuis, une vingtaine d’enfants placés dans des centres du département ont été parrainés et sont toujours suivis.

    Sept à huit enfants peuvent être accompagnés chaque année. « C’est pas juste pour le dire, c’est un vrai engagement, martèle Looping, un autre des membres. Il faut aller les voir, organiser des sorties, s’en occuper vraiment. »

    Et c’est tout un rituel, le jour de l’intégration, l’enfant, entouré de ses deux parrains, reçoit un équipement de protection pour la moto mais aussi un gilet en jean, floqué du logo du club.

    Les Gallics Brothers sont installées à Saint-Maximin, labellisée "villes des enfants" par l'Unicef.
    Les Gallics Brothers sont installées à Saint-Maximin, labellisée "villes des enfants" par l'Unicef.

    « Un parrainage demande six mois à un an, reprend Turkish. On leur donne un certain nombre d’objectifs, comme la politesse ou la réussite scolaire, et s’ils modifient leur comportement, c’est qu’ils en veulent. » Tout en prenant en compte le parcours de ces enfants. « Ces gosses sont brisés par la vie, certains n’ont connu que des foyers. On ne peut pas leur demander de tout changer du jour au lendemain. »

    Avec leurs grosses motos et leurs tatouages, ils ont dû s’imposer dans un milieu ou ils peuvent dénoter. « Il y a toujours les légendes urbaines autour des bikers, se marre Turkish. Il a fallu gagner la confiance mais aujourd’hui, sans être des professionnels de la petite enfance, nous sommes intégrés dans le parcours de nos jeunes. »

    Leur action est même validée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). « C’est tout à fait officiel », assure Frédérique Lombard, directrice de la Maison Jacques-Sevin, à Boran-sur-Oise, qui accueille des enfants de 5 à 17 ans. Ici l’action des « frères » est plus qu’appréciée.

    «On peut compter sur eux !»

    « Au-delà de toute l’aide matérielle qu’ils peuvent apporter, c’est un accompagnement précieux pour les enfants, qui pourra les suivre après leur sortie du foyer, reprend la directrice. Peu de gens s’intéressent comme ils le font à ce genre de public. Et on peut compter sur eux quand il faut remettre un enfant sur le bon chemin ! »

    Car les remontages de bretelles peuvent arriver. « Quand on se met à huit autour de lui pour lui demander des comptes, le gamin il rigole pas, lâche Turkish. Ça ne nous fait pas plaisir mais c’est parfois nécessaire. »

    Le seul but pour eux reste malgré tout de faire plaisir à leurs protégés. En échange, les bikers ne leur demandent qu’une chose. « Le gamin à qui on a offert le scooter était inconsolable, il ne savait pas comment nous remercier, rembobine Turkish. Qu’il réussisse ses études et sa vie, ça sera déjà bien. »

    Run solidaire des Gallic Brothers. Ce dimanche, de 10 heures à 19 heures au V&B de Saint-Maximin. 5 euros.