Trafiquant accusé d'avoir violé et drogué au «crack» une ado de 14 ans

Raymond Leblanc

Lydia*, 14 ans, est une adolescente fragile, qui bataille avec une dépendance aux stupéfiants. Raymond Leblanc, 49 ans, trafiquant de drogue notoire, est accusé d’avoir drogué la jeune fille au «crack» puis de l’avoir violée.


L’adolescente croise la route du multirécidiviste le 11 novembre 2020 sur la rue Myrand à Sainte-Foy. Lydia aborde les passants en leur demandant une cigarette. Selon la preuve faite à l’enquête sous remise en liberté lundi au palais de justice de Québec, Raymond Leblanc l’entend et lui lance une cigarette du balcon de son logement. Il va inviter la jeune fille à venir le rejoindre plus tard pour fumer un joint.

Lydia accepte. Lorsqu’elle s’installe dans le salon, Leblanc lui demande son âge. Elle répond qu’elle a 14 ans. Lui en a à ce moment 48. Leblanc lui aurait ensuite montré une table où se trouvaient plusieurs stupéfiants, notamment du GHB et des «speeds», selon la poursuite.

L’homme et la jeune fille commencent par consommer du cannabis. Selon la plaignante, Leblanc sort ensuite un cube de «crack» (cocaïne). Il le fait fumer et souffle la fumée au visage de Lydia. L’adolescente apprécie les effets immédiats de cette drogue qu’elle ne connaissait pas et va consommer du «crack» à répétition durant la soirée. Leblanc lui aurait ensuite proposé de prendre du GHB dans un verre d’alcool. Lydia accepte. L’homme se serait ensuite masturbé et aurait amené l’adolescente, fortement intoxiquée, dans sa chambre. Il lui aurait fait différents attouchements aux parties génitales avant d’avoir une relation sexuelle complète et non protégée avec elle.

Lydia s’est confiée à des amies après l’agression sexuelle alléguée. Elle est entrée en thérapie pour tenter de contrôler ses graves problèmes de consommation de drogue et n’a porté plainte à la police qu’en mars 2021. Quatre mois plus tard, les policiers lui présentent une parade d’identification. Elle pointe la photo de Raymond Leblanc et affirme être certaine à 100 % qu’il s’agit de son agresseur.

L’adolescente confie à l’enquêteuse avoir vu un tatouage sur le pénis de son agresseur.

Les policiers arrêtent Leblanc quelques jours plus tard et, autorisation judiciaire en main, prennent des photos de l’homme, notamment de son pénis.

Une erreur

Les policiers de la Ville de Québec décident de remettre Leblanc en liberté sur la simple signature d’une promesse de comparaître. C’était une «grave erreur», a indiqué le procureur de la Couronne Me Louis-Philippe Desjardins, qui a requis l’émission d’un mandat d’arrestation et qui demandait lundi à la cour de garder l’accusé détenu pour la durée des procédures. Leblanc fait face à des accusations de contact sexuel, incitation à des contacts sexuels et avoir administré une drogue dans le but de faciliter la perpétration d’une infraction sexuelle.

Au moment des infractions alléguées, Raymond Leblanc était en probation et en liberté provisoire, avec notamment comme conditions de ne pas consommer de stupéfiants.

Leblanc a de très nombreux antécédents judiciaires qui «font preuve d’une criminalité fort diversifiée», a commenté le juge Thomas Jacques de la Cour du Québec. La majorité de ses crimes sont en lien avec les stupéfiants. Il a aussi été condamné pour menaces, harcèlement, voies de fait, fraude, vol, recel, introduction par effraction, entrave et conduite pendant interdiction.

À l’heure actuelle, Lydia vit toujours en centre jeunesse. Son problème de consommation n’est pas réglé et elle craint toujours de croiser son agresseur allégué. Sa mère a témoigné à quel point la jeune fille craint de se retrouver en présence de son agresseur.

Raymond Leblanc s’est présenté à la cour comme «homme de confiance» ou «homme à tout faire». Depuis les accusations, il a déménagé dans le quartier Saint-Sacrement et affirme qu’il veut cesser de consommer et de vendre des stupéfiants.

Les garanties et la caution présentées par la défense n’étaient absolument pas suffisantes pour rassurer le tribunal, a indiqué le juge Jacques qui a prononcé l’ordonnance de détention.

La preuve paraît forte, notamment parce que la jeune plaignante a pu reconnaître des caractéristiques physiques de l’accusé, comme son tatouage sur le pénis, note le juge. En cas de condamnation, Leblanc s'expose à une longue peine de détention, rappelle le tribunal.

*Prénom fictif