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Une œuvre à la mémoire de victimes des pensionnats est couronnée au World Press Photo

De petites robes rouges à taille d'enfant sont posées sur des croix en bordure d'une route. On aperçoit au loin un arc-en-ciel.

Cette photographie a été prise en juin 2021 près de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Photo : Amber Bracken/New York Times/World Press Photo

L’image troublante de robes rouges accrochées à des croix sur le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops, en Colombie-Britannique, a remporté jeudi le prestigieux prix de la photo de l’année du World Press Photo.

L'œuvre de la photographe canadienne Amber Bracken commémore la mémoire des enfants décédés dans cette institution qui, comme plusieurs autres au Canada, avait pour mission d’assimiler les populations autochtones. Elle a été prise pour illustrer un article du New York Times, à la suite de la découverte de 215 tombes anonymes sur le site du pensionnat de Kamloops.

Le calme qui se dégage de cette photo, où un arc-en-ciel perce des nuages gris pour disparaître derrière une colline, tranche avec la violence des événements passés.

C’est une image parfaite qui capture une rare lumière. C’est aussi une image symbolique qui nous hante et qui nous frappe, a commenté le jury, présidé par Rena Effendi.

Elle représente l’éveil face à une histoire honteuse qui est finalement reconnue au Canada […] Cette photo sensorielle traduit la reconnaissance de l’héritage mondial de la colonisation et de l’exploitation, tout en amplifiant la voix des Premières Nations qui demandent justice, peut-on également lire dans les notes du jury.

De petites robes rouges à taille d'enfant sont posées sur des croix en bordure d'une route. On aperçoit à l'arrière au loin un arc-en-ciel.

Le prestigieux concours de photo World Press Photo a annoncé ses lauréats pour l'année 2022 et c'est une Canadienne qui a gagné le prix de la photo de l'année, comme nous le dit Mariève Bégin.

Photo : Amber Bracken/New York Times/World Press Photo

Amber Bracken est évidemment touchée par l’honneur que lui a attribué la World Press Photo.

C’est une organisation qui est très respectée, mais c’est surtout une plateforme incroyable pour partager des histoires à travers le monde. C’est une occasion de donner une deuxième vie à celle qui a été racontée dans le New York Times et de poursuivre la conversation entourant les pensionnats autochtones, a indiqué l’Albertaine de 38 ans.

Il s’agit du deuxième prix qu’elle remporte dans le cadre de ce concours annuel. En 2017, elle avait gagné celui de photo de l’année dans la catégorie problèmes contemporains avec ses images de manifestants au Dakota Access Pipeline, dans l'État du Dakota du Nord.

On ne sait jamais la portée qu’auront les photos. Évidemment, j’espère toujours qu’elles auront un impact. Avec celle-ci, mon intention était de représenter la souffrance causée dans les pensionnats et de personnifier ces enfants qui n’ont jamais pu rentrer à la maison; de montrer ces enfants qui ont été rendus invisibles pour cacher une vérité embarrassante. Mais on ne sait pas si les choses vont s’aligner de la bonne manière et si notre travail aura la résonance souhaitée.

Une citation de Amber Bracken, photographe

À l’évidence, l’image qui a été choisie parmi 64 823 photographies de 130 pays a touché une corde sensible. Sa consécration démontre une volonté d’attirer l’attention sur le traitement des populations autochtones, au Canada et ailleurs dans le monde.

Elle survient d’ailleurs moins d’une semaine après que le pape François eut présenté des excuses aux Autochtones, aux Métis et aux Inuit pour les abus qu'ils ont subis dans les pensionnats catholiques du Canada.

De contribuer à faire la lumière sur cet important enjeu est une grande fierté pour Amber Bracken.

Je suis fière de l’impact de cette photo. J’espère que ça servira dans cette grande conversation liée au processus de vérité et de réconciliation, a lancé la photographe.

C’est une occasion, au moins au Canada, de reconnaître les événements passés, de les répertorier et d’écouter les communautés autochtones au sujet des souffrances qui leur ont été infligées dans les pensionnats. C’est une occasion de pousser le travail plus loin et, pour le pays, de reconnaître ses responsabilités devant les yeux du monde. La reconnaissance entière des torts causés donnerait de réels espoirs d’avancées dans la restauration des liens avec les communautés autochtones.

Plusieurs enquêtes sont en cours à travers le Canada sur les anciens pensionnats, qui ont accueilli un peu plus de 150 000 enfants. Le dernier a fermé ses portes en 1996.

La Commission de vérité et réconciliation mise sur pied en 2009 a conclu que 4100 enfants sont morts dans ces écoles à la suite de mauvais traitements, de négligence, de maladies ou d’accidents.

Établi en 1890, le pensionnat de Kamloops était l’un des plus grands au Canada. Il hébergeait des centaines d’enfants Secwépemc et d’autres Premières Nations. Il a fermé en 1978.

Avec les informations de Agence France-Presse

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