Doctolib : naturopathes, sophrologues et autres professionnels du «bien-être» désormais bannis

Deux mois après le début de la polémique, la plateforme décide de n’autoriser sur son site que les professionnels réglementés par les autorités de santé, afin notamment d’être « à la hauteur des attentes légitimes concernant l’information des patients ».

Jusqu'à présent, Doctolib proposait de prendre rendez-vous chez des naturopathes, notamment. LP/Matthieu Turel
Jusqu'à présent, Doctolib proposait de prendre rendez-vous chez des naturopathes, notamment. LP/Matthieu Turel

    Six semaines de consultation, et une décision forte à leur issue. La plateforme Doctolib annonce ce mercredi que les naturopathes, sophrologues, hypnothérapeutes et autres professionnels du domaine du bien-être ne pourront plus être référencés sur son site. Leur présence avait fait polémique à la fin du mois d’août, notamment en raison des liens entre certains d’entre eux et la naturopathe très controversée Irène Grosjean. Plus globalement, de nombreux médecins dénonçaient un mélange des genres.

    Au total, 5 700 praticiens (sur environ 170 000 au total) vont être « bannis » du site. Cette mesure sera effective d’ici six mois, afin de leur permettre « de réorganiser leur gestion des rendez-vous ». Les professionnels de santé disposant d’un numéro RPPS et ceux présentant un numéro ADELI, comme les psychologues, seront désormais les seuls autorisés à utiliser Doctolib. « Bravo à Doctolib pour cette décision claire et nette », s’est réjoui Thomas Clavier, praticien hospitalier au CHU de Rouen. Le ministre de la Santé, François Braun, s’est également réjoui de cette décision qui va « dans le sens d’une plus grande clarté et lisibilité de l’information en santé des Français ».

    Du côté des professionnels désormais bannis, la pilule a parfois du mal à passer. « Je comprends l’origine de cette polémique, puisque le site s’appelle Doctolib et que nous ne sommes pas des docteurs. Mais je suis un peu surprise qu’ils s’en aperçoivent maintenant, après avoir pris nos 130 euros par mois pendant plusieurs années », grince Florence. Cette sophrologue dans l’Oise a « l’impression qu’on nous laisse tomber ». La praticienne s’attendait à ce que des mesures soient prises, mais elle espérait que Doctolib mette en place une partie de son site réservée aux professionnels non référencés par les autorités de santé, « avec un code couleur différent, par exemple ».

    « Tiers de confiance reconnu dans la santé »

    Dans le cadre de la « consultation » lancée à la suite de la polémique, sont notamment intervenus les Conseils Nationaux des Ordres de santé, des syndicats de professionnels de santé, des représentants des praticiens exerçant des professions de bien-être, des associations de patients, des collectifs d’experts, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), ainsi que les autorités sanitaires.

    Il en ressort notamment que « Doctolib est identifié comme un tiers de confiance reconnu dans la santé, ce qui suscite des attentes légitimes concernant l’information des patients », retient le site. Or, « il n’existe pas de moyen objectif et exhaustif de définir et vérifier le niveau de qualification des praticiens exerçant des activités de bien-être, comme cela est possible pour les professions réglementées ».



    « Nous tenons à remercier les acteurs qui ont pris part à la consultation et qui ont apporté leur éclairage à ces travaux complexes. Nous faisons le choix de la responsabilité, pour garantir aux patients une information objective et vérifiée », a indiqué dans un communiqué Arthur Thirion, directeur France de Doctolib. « Avec ce recentrage sur le cœur des missions de Doctolib, nous allons renforcer notre travail sur le développement de services pour les professionnels de santé et leurs patients », abonde le médecin généraliste Jonathan Favre, membre du Comité médical de la plateforme.

    Le site propose enfin de participer à une « réflexion » sur la réglementation de ces activités. Florence, de son côté, prévoit de se tourner vers une autre plate-forme. « On m’a parlé de plein de noms, je n’ai plus qu’à faire mon choix », conclut-elle.