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«J’espère que tout le monde comprendra…»: le gouvernement belge va débloquer un budget important pour aider l’armée ukrainienne

Le gouvernement doit donner vendredi son feu vert à la livraison de l’aide militaire « la plus importante » fournie par la Belgique depuis le début de la guerre, qui comprendra de très modernes missiles anti-aériens AMRAAM.

« Depuis près d’un an, l’aide à l’Ukraine figure parmi nos principales préoccupations », a affirmé la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS) au cours de la réception de Nouvel An donnée mercredi soir à Bruxelles par le « patron » de l’armée, l’amiral Michel Hofman.

« Et cette semaine encore, le gouvernement devrait se prononcer sur l’aide la plus importante apportée aux forces armées ukrainiennes depuis le début du conflit », a-t-elle ajouté, sans donner davantage de précisions. Elle avait toutefois évoqué mercredi matin, au micro de Bel-RTL, des moyens de défense anti-aérienne, de lutte anti-char et des munitions « pour répondre aux demandes de l’Ukraine ».

La ministre n’a cité aucun montant, mais des sources concordantes estiment cette aide à quelque 90 millions d’euros – soit autant que ce que la Défense a livré à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022.

L’amiral Hofman a pour sa part mentionné, lors d’une rencontre mardi avec quelques journalistes, la fourniture de missiles américains air-air de moyenne portée AIM-120 AMRAAM (« Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles »), de LAW (« Light Anti-Tank Weapon » ou M72, des armes anti-chars portables) et de grenades anti-chars.

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Intégration aus systèmes antiaériens

L’aide belge comprend aussi des fusils d’assaut Scar et de mitrailleuses Minimi, deux types d’armes légères fabriqués par la FN Herstal.

« Ils ne seront pas prélevés sur la dotation de l’armée belge, mais achetés par la Belgique auprès de la FNl », a souligné le chef de la Défense (Chod).

Les AMRAAM dont dispose la Belgique pour armer ses chasseurs-bombardiers F-16 sont de modèle AIM-120B. Ces missiles, fabriqués par le groupe américain Raytheon, utilisent un guidage radar actif et entrent dans la catégorie BVR (« Beyond Visual Range », au-delà de la portée visuelle). La portée estimée est de 50 à 70 kms.

Une fois livrés à l’Ukraine, ils seront intégrés sur des systèmes antiaériens terrestres Nasams (« National Advanced Surface-to-Air Missile System ») de conception américano-norvégienne et achetés par quinze pays. Certains en ont fait don à l’Ukraine ou ont fourni des missiles.

Le nombre de missiles que prévoit de fournir la Belgique n’a pas été révélé, mais le stock d’AMRAAM est limité. « La pression (pour en donner à l’Ukraine) était trop forte », a confié un responsable militaire à l’agence Belga.

La Belgique ne donnera pas de chars Leopards

En novembre dernier, le département d’État (ministère américain des Affaires étrangères) avait approuvé la vente à la Belgique de 120 missiles AIM-120C-8 AMRAAM – une version plus récente, adaptée à la fois aux F-16 et aux futurs F-35 – et d’équipements connexes pour un montant total estimé à 380 millions de dollars (379 millions d’euros).

Selon le journal L’Echo, la Défense fournira également des postes de tir pour missiles sol-air français à courte portée Mistral, mais sans les missiles, l’armée ne disposant plus de munitions de ce type depuis plusieurs années. La France et la Norvège ont livré plusieurs centaines de Mistral à Kiev.

La Belgique ne donnera toutefois pas de chars d’assaut Leopard 1 – elle n’a jamais acheté le modèle plus moderne, le Leopard 2, en service dans une douzaine de pays européens – ni de système anti-aérien Gepard, armé d’un canon bitube de 35 mm guidé par radar monté sur un chassis Leopard.

Un certain nombre de Leopard 1A5BE se trouve toujours en Belgique. Vingt engins reposent dans les entrepôts tournaisien et anversois de la firme OIP, acquéreuse du lot, selon l’hebdomadaire ’Le Vif’.

La Défense a examiné la possibilité de racheter ces Leopard 1, mais cette piste se heurte à plusieurs obstacles, dont leur modernisation et le prix qui serait demandé par OIP pour les céder.

« Nous avons demandé à des entreprises belges comme John Cockerill Defense de se pencher sur leur éventuelle modernisation, mais comme il s’agit d’un modèle plus ancien, l’Allemagne et ses entreprises ont été chargées de réaliser un inventaire en Europe pour voir ce qu’il était éventuellement possible de faire en commun », a expliqué l’amiral Hofman.

La Belgique avait acquis 334 Léopard, armés d’un canon de 105 mm, à la fin des années 1970 et les derniers exemplaires ont été retirés du service en 2014. La Norvège en a racheté dix et le Brésil 128 – plus un char de « recouvrement », la version de dépannage de ce blindé.

Quant aux Gepard (54 exemplaires acquis et retirés du service en 1993-1994), ils sont eux aussi la propriété d’OIP. « On a investigué » la piste d’un rachat, a admis le Chod. Mais leur mise à jour s’est avérée « pratiquement impossible », selon lui.

En séance plénière de la Chambre, le Premier ministre Alexander De Croo a confirmé jeudi que le gouvernement discuterait vendredi d’un « soutien additionnel, sur base des stocks militaires disponibles, en lien avec notre industrie de défense ». « J’espère que tout le monde comprendra que c’est un moment décisif pour la population ukrainienne », a-t-il exhorté en réponse à une question de Sophie Rohonyi (DéFI). « Voyons les décisions allemande et américaine. Nous les applaudissons. Et j’espère que la Belgique sera à la hauteur demain (vendredi) et concrétisera les annonces de la ministre de la Défense et du chef de la Défense ces derniers jours », a-t-il conclu.

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