Emmanuel Macron indique qu'un Président peut s'en remettre aux électeurs « en cas d'énorme crise »

Depuis la présentation du projet gouvernemental de la réforme des retraites, le 10 janvier dernier, Emmanuel Macron s'abstenait à un silence relatif, les syndicats et les oppositions allant jusqu'à l'accuser de fuir les débats. Le chef de l'État avait pourtant accordé une rare interview à Pif le mag, pour l'anniversaire des 75 ans du célèbre journal pour enfants. L'entretien a été dévoilé mercredi par l'Agence France-Presse. Les propos qui y sont tenus par le dirigeant trouvent une résonance particulière avec le contexte actuel de conflit social faisant suite à l'adoption de la réforme décriée par 49-3. « Pouvez-vous quitter votre poste en plein mandat, et comment ça se passerait si vous le quittiez ? », demande une élève de quatrième nommée Mélina à Emmanuel Macron, lors d'une rencontre à l'Élysée.

« Si tu le quittes, c'est qu'il peut y avoir une énorme crise et que tu es empêché. À ce moment-là, tu remets ton mandat aux Français, et le peuple vote à nouveau », lui répond le principal intéressé. À ce stade, alors qu'une montée des violences est constatée, le président de la République n'envisage ni référendum sur les retraites, ni dissolution de l'Assemblée nationale et une démission paraît encore plus improbable.

« Les grands choix que je mets en œuvre... »

Incité à donner des conseils aux lecteurs de Pif qui souhaiteraient devenir président, Emmanuel Macron explique que « la meilleure manière d'y arriver, c'est de se faire sa propre idée des choses et de ne pas dépendre des partis des uns des autres ». Ce qu'il aime dans son « métier » ? « L'échange, la rencontre, essayer de comprendre ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans les grands choix que je mets en œuvre », dévoile-t-il à ses jeunes interlocuteurs.

Soit « tu as pu apporter des solutions » et c'est « satisfaisant », soit « ce n'est pas le cas, et ce sont les moments qui te touchent aussi, qui sont frustrants parce que tu vois que les choses ne vont pas assez vite », ajoute-t-il. Emmanuel Macron, qui ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale, cristallise le mécontentement autour de sa personne, en raison de sa gestion du dossier brûlant des retraites.