Sarah Diouf, créatrice sénégalaise, accuse Balmain de plagiat

En pleine Fashion week masculine, la créatrice de la marque Tongoro accuse la maison de couture française d’avoir copié un bijou qu’elle a conçu, et qui avait déjà été porté par Beyoncé et Naomi Campbell.

À gauche, « Le Caire », bijou de Tongoro, et, à droite, le bijou de Balmain. © Instagram Tongoro Studio

À gauche, « Le Caire », bijou de Tongoro, et, à droite, le bijou de Balmain. © Instagram Tongoro Studio

Publié le 26 janvier 2024 Lecture : 2 minutes.

Pour Sarah Diouf l’histoire se répète. Assez discrète sur les réseaux sociaux depuis sa huitième collaboration avec Beyoncé, à l’occasion du Renaissance World Tour de la star, en août 2023, la créatrice de Tongoro est revenue sur le devant de la scène, ce 21 janvier, pour annoncer une nouvelle beaucoup moins réjouissante.

Alors que la Fashion week masculine bat son plein, la Sénégalaise a en effet dénoncé, sur le compte Instagram de sa marque (116k followers), « la ressemblance visible [d’une] pièce » présentée par Balmain, grande maison de mode que dirige Olivier Rousteing, lors de son dernier défilé. La fondatrice de Tongoro faisait référence à son bijou pour visage baptisé « Le Caire », qui lui a été inspiré par le maquillage des hommes de la tribu Wodaabe, en Afrique de l’Ouest, et qu’elle avait présenté en 2019.

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Alicia Keys, Beyoncé et Naomi Campbell

Ce bijou très original, doré et très fin, part du milieu de la tête, adopte la forme du front, s’étend sur le nez puis les lèvres, et se termine en bas du menton, séparant symétriquement le visage. Il a sublimé Alicia Keys, Beyoncé ou encore le top model Naomi Campbell. Étrange coïncidence, cette dernière a clôturé le défilé Balmain de cette Fashion week 2024 en arborant ce fameux accessoire, qui ressemble à la création de Sarah Diouf.

La créatrice, née en France d’un père sénégalo-congolais et d’une mère centrafricaine, puis élevée en Côte d’Ivoire, qualifie cet épisode de « difficile et douloureux », et s’interroge, « une fois de plus, [sur] le regard réel que les marques occidentales prétendent avoir envers la créativité africaine tout en se disant ouvertement “inspirées” par elle. »

Ce défilé a été conçu comme un hommage à la « blackitude », au voguing et à la sape – un mouvement vestimentaire et culturel originaire de Brazzaville, au Congo –, a fait savoir de son côté Olivier Rousteing, dont la maison appartient à la société d’investissement qatari Mayhoola for Investments.

Sarah Diouf conclut sa publication en se demandant « encore combien de temps [cela va durer] ? » Une question légitime de la part d’une créatrice qui a déjà vécu pareille situation.

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Tongoro dans l’œil des grandes maisons ?

Un an après le lancement, en 2016, de sa marque Tongoro, Sarah Diouf était tombée des nues en découvrant les photos du défilé de la collection automne-hiver 2017 de Yves Saint Laurent : les mannequins y portaient un sac long de 10x60cm, en forme de baguette, similaire à celui qu’elle avait dessiné et baptisé « Mburu » (« pain », en wolof). La créatrice avait entamé une procédure judiciaire, comme nos confrères de Okay Africa l’avaient annoncé.

Porter le flambeau de la mode africaine à l’étranger n’est décidément pas de tout repos. En 2018, le Sud-Africain Laduma Ngxokolo avait accusé la marque Zara de plagiat après qu’elle eut reproduit ses motifs colorés xhosas. S’il a obtenu gain de cause, nombre de jeunes designers confrontés à ce problème, récurrent dans le milieu de la mode, ignorent l’existence de l’OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle), qu’ils peuvent saisir pour défendre leurs droits.

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