Ukraine: à Kiev, des bunkers «Ikea» à monter soi-même pour se protéger des raids

Avec nos envoyés spéciaux à Kiev, Nathanaël Vittrant et Jad El Khoury

Dans le grand hangar d’une zone industrielle à moitié abandonnée de la capitale ukrainienne, Sergei Zaharin est occupé à découper les plaques de métal qui composent ce qui ressemble à un coffre-fort de la taille d’une penderie, et ce qu’il a baptisé des « capsules de vie ».

« Avant je fabriquais des équipements pour travailler le bois, mais les circonstances m’ont forcé à m’adapter », confie-t-il.

Une espèce de bunker de poche - de bunker « Ikea » comme les appellent ces ouvriers - composé de plaques de métal de cinq millimètres d’épaisseur, avec d’énormes boulons. « C’est très solide, la capsule doit être capable de résister à n’importe quelle chute de débris, même si toute la maison lui tombe dessus », indique Sergei Zaharin.

La sonnerie de son téléphone interrompt la conversation. Il y a eu des raids ce jeudi matin, « on me passe des commandes », explique-t-il. Avant de s’empresser d’ajouter : « Najarl » (« malheureusement... )

Mais n’allez surtout pas lui demander si la situation est bonne pour les affaires. « Non, ne dites pas ça. Le coût d’une capsule de vie c’est 53 000 Hyrvna, et je les vends 70 000, moins les taxes. À ce prix-là, ce n’est plus du business : c’est de la charité », lance-t-il, dépité. En vingt-quatre mois de guerre, l’invasion russe a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, civils et militaires.

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