La France condamnée par la CEDH pour les conditions de vie des harkis dans les camps d’accueil

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné jeudi 4 avril la France pour les conditions de vie « pas compatibles avec le respect de la dignité humaine » des harkis dans les camps d’accueil où ils ont passé des années après leur retour d’Algérie dans les années 1960 et 1970.

Publié le 4 avril 2024 Mis à jour le 4 avril 2024 à 12:25

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné jeudi 4 avril la France pour les conditions de vie « pas compatibles avec le respect de la dignité humaine » des harkis dans les camps d’accueil où ils ont passé des années après leur retour d’Algérie dans les années 1960 et 1970.

Traitements inhumains

La CEDH estime que la France a violé l’interdiction de soumettre ses ressortissants à des traitements inhumains ou dégradants, et leur droit au respect de la vie privée et de la correspondance. Elle considère à ce titre que les montants des réparations accordées par les juridictions internes françaises ont été insuffisants.

En septembre 2021, le président de la République avait annoncé un projet de loi pour la reconnaissance et la réparation de l’« abandon » des harkis. Emmanuel Macron s’était alors adressé aux harkis, leur demandant officiellement pardon pour l’abandon de ceux qui avaient choisi de soutenir l’armée française lors de la guerre d’Algérie et qui furent laissés à leur sort après l’indépendance en 1962 ; alors que la moitié d’entre eux, pour ceux qui purent regagner la France, furent « relégués dans des camps et des hameaux de forestage, parfois dans des prisons ».

Le sort des harkis fut longtemps étouffé, et instrumentalisé par l’extrême droite, comme en témoignent encore les déclarations du député européen Gilbert Collard sur X, réagissant à la condamnation par la CEDH : « Enfin ! La France condamnée par la CEDH pour les mauvaises conditions de vie des Harkis : j’ai une pensée émue pour mon ami feu le bachaga Boualem et tous ces loyalistes qui ont risqué leur vie pour la France ! ». Bachaga Boualem était un ancien militaire et président du Front national des rapatriés français de confession islamique. En 2000, le président Bouteflika les avait assimilés aux « collabos » français. Si certains ont en effet participé aux exactions de l’armée française, il s’agit d’« une stigmatisation erronée et dangereuse », juge l’historien Mohammed Harbi, ancien responsable du FLN.

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