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Un sportif sur sept est victime de violence sexuelle

Un sportif sur sept est victime de violence sexuelle
?Le docteur Hélène Denizot-Bourdel. © MARQUET Frédéric
Demain, toute la journée, à la Rotonde, fac de droit, à Clermont, une journée pour comprendre et prévenir les violences sexuelles dans le sport.

Le docteur Hélène Denizot-Bourdel est psychiatre et gère le Criavs (centre ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles), qui organise, demain, une journée dédiée plus spécifiquement au milieu sportif.

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Pourquoi le milieu sportif mérite-t-il une approche spécifique ?

Dans le sport, une personne sur sept est exposée à des violences sexuelles. On atteint même une personne sur trois dans trois conditions : les jeunes sportifs de haut niveau, les minorités et les non-hétérosexuels. Cela va du harcèlement à l’agression sexuelle. On a remarqué des facteurs aggravants : les enfants sont plus victimes, les filles plus que les garçons, et les enfants de petite taille plus également.

Les agresseurs ont-ils un profil type ?

Ce sont plutôt des hommes, souvent des coachs. Mais cela se déroule partout, avec des tas de profils différents. Les enfants entre eux, par exemple, lors de soirées alcoolisées.
La moitié des auteurs ont été victimes eux-mêmes. Ce ne sont pas des gens impulsifs ou agressifs. Plutôt introvertis.

Certains sports sont-ils plus propices ?

Pas vraiment. Il y a des facteurs qui amplifient le phénomène dans le sport en général. Il y a un rapport au corps, on confie ses enfants avec confiance – parfois même avec un surinvestissement et des attentes –, les éducateurs ont un rapport d’autorité. Et plus le niveau est élevé, plus le rapport d’autorité est élevé. Quand on recherche la performance, on est enclin à accepter plus de choses.
Les locaux peuvent avoir une influence. Des vestiaires ouverts, le discours (avec des blagues sexistes par exemple), le bizutage comme baisser le pantalon du nouvel arrivant…

Cela se déroule en quatre étapes. 1. On installe la confiance. 2. Un rapport d’autorité s’établit. 3. Il y a un isolement qui se crée avec le reste du groupe et la famille. 4. La violence apparaît.

C’est souvent très dur de parler. Une ancienne sportive a témoigné dernièrement, parce que ses parents venaient de mourir. Le lien est complexe.

Les choses évoluent tout de même. Des sportifs et sportives parlent.

Oui, et la loi suit. Une loi de 2024 a été adoptée par le Sénat, sur l’honorabilité dans le sport. Quand on intègre un coach, il y a l’obligation de vérifier le casier judiciaire et le Fijais (Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes). Il y a aussi une obligation de signalement lorsque l’on est témoin. C’est très important, les études montrent que sans considération politique, il y a une forme d’impunité.

En fait, les auteurs savent que ce n’est pas normal. Que ce n’est pas bien. Mais ils y retournent, parce qu’il y a l’excitation et que c’est possible. Mais quand ils se font attraper et que la procédure débute, ils disent tous leur soulagement. La moitié des pédocriminels n’ont pas de troubles pédophiliques.

D’ailleurs, en s’écartant un peu du sujet, la moitié des pédophiles qui se font attraper disent avoir tenté de contacter un professionnel dans le mois avant le passage à l’acte. Ils luttent souvent avec leurs pulsions, leurs fantasmes. C’est pour ça qu’un numéro a été mis en place (0.806.23.10.63.)

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Quels conseils peuvent être donnés aux encadrements ?

Des choses très concrètes. On ne fait pas la bise, on checke. Pas d’appel sur le numéro direct, mais sur le téléphone des parents.
Pour repérer une victime, il y a souvent un changement de comportement, une baisse des résultats scolaires, des blessures à répétition, ou des comportements sexuels pas adaptés à l’âge.
Nous sommes tous responsables : les parents, les enfants, les coachs, les clubs, les fédérations, les politiques…

Jeudi 11 avril
9 heures. 
Ouverture par le professeur llorca.
9 h 15. Documentaire « Violences sexuelles dans le sport, l’enquête ».
9 h 45. Philippe Liotard, anthropologue et sociologue.
11 h 15. Greg Deschamps, enseignant chercheur en psychologie du sport et de la santé.
12 h 15. Discours de clôture de la matinée par la sénatrice du Puy-de-Dôme, Marion Canalès.
14 heures. Profil des agresseurs et des victimes, par Sylvie Parent, professeur à l’université de Laval (Canada).
15 h 15. Table ronde avec Gilles Nedelec (Drajes-SDJES 63), Anthony Savoie (colosse aux pieds d’argile), Brune Dirian-Angeli et Jean-Pierre Montaudon (PFR 63), Hélène Denizot-Bourdel et Julie Mennuti (Criavs).
16 h 45. Clôture de la journée.

Propos recueillis par Simon Antony


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