Européennes 2024 : l’extrême-droite allemande veut transformer l’UE en une « confédération des nations »

Alice Weidel, coprésidente du parti et de la faction Alternative pour l'Allemagne (AfD), s'exprime lors du lancement de la campagne électorale de l'AfD pour les élections européennes à Donaueschingen, en Allemagne, le 27 avril 2024. Les élections européennes de cette année sont prévues dans tous les États membres de l'UE du 6 au 9 juin. [EPA-EFE/ANNA SZILAGYI]

Le parti d’extrême droite allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD), souhaite démanteler l’UE dans sa forme actuelle et la transformer en une confédération d’États-nations au pouvoir limité, a déclaré le parti lors du lancement officiel de sa campagne des élections européennes samedi (27 avril).

Marc Jongen, député considéré comme l’une des figures de proue de l’idéologie du parti, a déclaré à Euractiv que « l’AfD veut renforcer notre souveraineté nationale et limiter le pouvoir de l’UE à ce qui est nécessaire et propice ».

Selon lui, l’UE est en train de se transformer en un « super État européen » qui « ne serait plus une démocratie et ferait de l’Allemagne le payeur permanent de l’Europe ».

Le parti a récemment abandonné l’idée d’une sortie de l’UE de l’Allemagne. Au lieu de cela, il prône sa nouvelle stratégie consistant à « repenser l’Europe » en une « Confédération des nations européennes ».

Selon son programme électoral, l’AfD souhaite lutter contre « l’érosion continue de la souveraineté des États-nations ». Les autres partis majeurs du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen, dont le Rassemblement national et la Lega de Matteo Salvini, défendent une position similaire.

« Nous ne sommes pas anti-européens, […] mais nous ne voulons plus de cette UE », a déclaré samedi le coprésident de l’AfD Tino Chrupalla.

L’idée principale est de conserver le marché intérieur de l’UE, rentable pour l’Allemagne, tout en supprimant la plupart des projets de cohésion. L’UE actuelle sera remplacée par une nouvelle communauté économique et d’intérêt européenne sans « la volonté de l’UE de renforcer la centralisation et le paternalisme », indique la campagne.

En tant qu’objectif à moyen terme, le parti a entrepris d’« abolir le Parlement européen, élu de manière non démocratique ».

Jusqu’à ce que l’UE soit réorganisée en une confédération d’États-nations, le Conseil devrait avoir le pouvoir législatif, « lié par les décisions des parlements nationaux ».

Contre l’euro, l’immigration, les mesures climatiques

Mais le démantèlement structurel de l’UE n’était pas le sujet principal de la conférence, l’opposition aux mesures de lutte contre le changement climatique, à l’immigration et aux politiques d’égalité entre les hommes et les femmes ayant occupé le devant de la scène.

Alors que le parti d’extrême droite souhaite restaurer « l’autodétermination des États membres de l’UE en matière de politique d’asile et d’immigration », il soutient la coordination européenne et le partage des coûts de la « protection » des frontières extérieures pour une « forteresse européenne ».

Leur idée fondatrice de s’opposer à l’euro est toujours au cœur de la politique monétaire de l’AfD. « Un nouveau Deutsche Mark pourrait permettre de retrouver un pouvoir d’achat supérieur à celui des autres pays », peut-on lire dans le programme électoral.

En outre, le parti considère les ambitions de l’UE et de l’Allemagne en matière de changement climatique comme une nuisance et un danger pour l’économie allemande. Il doute des conséquences des émissions excessives de CO2 et de l’idée de changement climatique et préconise l’abolition de toutes les mesures européennes et nationales de protection du climat.

En termes de politique étrangère, les candidats aux élections européennes, menés par la tête de liste Maximilian Krah, souhaitent une réorientation vers la Russie et la Chine en échange d’une plus grande « souveraineté » de l’Allemagne vis-à-vis des États-Unis. Les sanctions économiques contre la Russie seront abandonnées, tandis que « les relations de l’Allemagne avec l’Union économique eurasienne doivent être développées. »

L’initiative chinoise de nouvelles routes de la soie trouve un soutien important : « afin de contribuer à façonner le programme sur un pied d’égalité, l’AfD s’engage en faveur d’une participation proactive de l’Allemagne. »

L’événement de samedi s’est déroulé dans l’ombre de multiples scandales impliquant les candidats européens de l’AfD et le parti dans son ensemble. M. Krah, a été contraint de se retirer par crainte d’une nouvelle atteinte à sa réputation après l’arrestation de son assistant, soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine, et l’enquête menée à son égard.

Au cours de l’événement, les allégations de travail pour des intérêts russes et chinois ont été rejetées comme étant fondées sur la peur de l’AfD et motivées par des considérations politiques.

Ingérences étrangères : Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD, fait l’objet d’une enquête

Malgré l’arrestation de son assistant parlementaire pour espionnage à la solde des Chinois, Maximilien Krah, tête de liste du parti d’extrême droite allemand AfD, avait confirmé rester en poste. Mais l’homme fait maintenant lui-même l’objet de deux enquêtes distinctes.

[Édité par Alice Taylor et Oliver Noyan]

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