Montpellier : un hêtre de Perse en soutien à la révolution iranienne "Femme, vie, liberté"

En mémoire de Mahsa Amini et pour soutenir la jeunesse iranienne, la Ville de Montpellier, dans une double symbolique, a planté un hêtre de Perse dans le square Suzanne Babut.

Un hêtre de Perse planté en mémoire de Mahsa Amini et en soutien à la jeunesse iranienne.
Un hêtre de Perse planté en mémoire de Mahsa Amini et en soutien à la jeunesse iranienne. (©CN / Métropolitain)
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Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini était arrêtée à Téhéran par la police des moeurs iranienne. En cause : une tenue vestimentaire jugée indécente à savoir un voile mal positionné laissant apparaître ses cheveux. Après trois jours de coma, l’étudiante iranienne d’origine Kurde de 22 ans décédait devenant le symbole du mouvement « Femme, vie, liberté ». Ainsi, en mémoire de Mahsa Amini et pour soutenir la jeunesse iranienne, la Ville de Montpellier, dans une double symbolique, a planté un hêtre de Perse dans le square Suzanne Babut.

Deux symboles

« On se souviendra longtemps de cet hêtre de Perse. On a choisi cet arbre du nord de l’Iran, que l’on ne trouve pas beaucoup ici, que l’on appelle aussi l’arbre de fer car il a un bois très dur. Nous allons donc planter un arbre très solide pour, on l’espère, un avenir meilleur ». À Stéphane Jouault, délégué à la nature en ville, d’expliquer la première symbolique de ce moment rempli d’émotions.

La deuxième fait le bonheur d’Anïd Tavakoli, membre des collectifs Iran laïque et démocratique et Femme, vie, liberté : « La mémoire de Masha trouve parfaitement sa place dans ce lieu, émouvant rappelle du passé au nom de Suzanne Babut, une Juste de Montpellier pour sa résistance contre le fascisme pendant la Seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, Masha symbolise toute la jeunesse iranienne qui résiste à une autre forme de fascisme. Le fascisme religieux orchestré par la République Islamique ».

Répression de la jeunesse iranienne

Cette dernière rappelle que « la mort de Masha le 16 septembre 2022 a déclenché un mouvement important de la jeunesse iranienne « Femme, vie, liberté » qui a choisi une résistance pacifique par des manifestations, la désobéissance civile et d’autres formes (…) Depuis 43 ans, le régime islamique essaye d’effacer l’ineffaçable. C’est pour ça que depuis la mort de Mahsa, il y a un vrai conflit de valeurs entre la jeunesse iranienne et la république islamique. D’un côté, un régime totalitaire avec ses lois archaïques et misogynes, sa constitution théocratique et de l’autre la société civile iranienne qui se rassemble autour des valeurs et des principes universels des Droits de l’homme pour accéder à la liberté, l’égalité et la laïcité. En résumé, il n’y a a aucun compromis entre ses deux visions que tout oppose ».

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Des propos appuyés par ceux de Mitra Jalil, du collectif national Femme, vie, Liberté : Le monde entier suit le mouvement, créant des vagues humaines, criant au respect et à la dignité humaine avec comme mots d’ordre : humanisme, liberté, égalité, laïcité et fraternité. Largement critiquée par la communauté internationale, la République Islamique d’Iran a violemment réprimé les manifestations, a procédé à des arrestations et des exécutions en masse depuis 2022. En 2023, il y a eu 860 exécutions sans parler des milliers d’arrestations ».

L’ombre sombre de l’Iran

Anïd Tavakoli s’inquiète également de la situation plus globale en apportant un éclairage. « La République islamique a profité de son attaque contre Israël pour lancer le même jour une vague de répression et d’arrestations féroces, invisible aux yeux du monde, contre les femmes iraniennes pour imposer le hijab obligatoire sur ordre de leur guide suprême. Ainsi, ce gardien suprême et ses gardiens de la révolution islamique vient de lancer une nouvelle campagne de terreur contre le peuple d’Iran, du Moyen-Orient et d’Europe. Il est tant que l’Union européenne reconnaisse le corps des gardiens de la révolution islamique comme une organisation terroriste » appelle-t-elle.

Michaël Delafosse sur Israël et la Palestine

Dans le contexte actuel et avec les événements récents (ndlr : bombardement du consulat d'Iran à Damas par Israël, réplique de l'Iran par attaque de drone sur Israël...), il était difficile pour Michaël Delafosse de ne pas évoquer le conflit israélo-palestinien. Le maire de Montpellier a ainsi rappelé sa position. "Nous souhaitons que l'état d'Israël, fondé par le droit international, puisse vivre en sécurité. Nous considérons que le peuple palestinien a droit à un état en vertu du droit international. Nous sommes au côté des Israéliens qui dans les rues de Tel-Aviv aspirent à un changement démocratique pour leur pays car ils sentent bien que celui qui les dirige les conduit à une impasse".

Et de partager l'appelle d'Anïd Tavakoli : "En Iran, les gardiens de la révolution sont une organisation terroriste qui finance le Hezbollah qui menace régulièrement la sécurité d'Israël et le peuple libanais. L'attaque du 7 octobre par le mouvement terroriste Hamas a été déclenché de manière délibérée parce que justement il y avait une quête de chemin de dialogue avec d'autres pays du Proche-Orient, en l'occurrence l'Arabie Saoudite".

« Tant que ce régime est en place, la paix et la sécurité de la région et du monde restera compromise. La voie vers une paix et une sécurité durable au Moyen-Orient consiste à soutenir le peuple iranien qui lutte reconquérir l’Iran et la place qui lui revient dans le monde. Nous croyons toujours que la lumière vaincra l’obscurantisme mais nous sommes là pour rappeler que l’histoire de l’être humain ne peut pas être silencieuse. Cet hêtre de Perse symbolise ainsi la vie et la renaissance » conclut avec espoir Anïd Tavakoli.

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À la jeunesse iranienne

« Au nom de la Ville de Montpellier, je veux saluer le courage qui est le vôtre. Celui de nos concitoyens d’origines iraniennes, les citoyens que nous avons l’honneur et le devoir de recueillir en France, qui, il faut l’entendre est parfois intimidée dans notre propre pays par la République Islamique d’Iran. Il faut être courageux pour défendre des valeurs universelles même en France. À chaque fois qu’il le faudra, nous serons là » explique Michaël Delafosse.

Mahsa Amini symbolise le combat de la jeunesse iranienne.
Mahsa Amini symbolise le combat de la jeunesse iranienne. (©CN / Métropolitain)

Face « au courage incroyable de la jeunesse iranienne qui force le respect » illustré « par ce voile arraché, scandé, pris comme un étendard de liberté », l’édile appuye : « Nous devons dire que nous sommes de ce côté là. Le collectif « Femme, vie, liberté » est en nous, il est ici chez lui à Montpellier. Envoyez leur ce signal qu’ils ne sont pas seuls. Si ici il y a des réfugiés, des gens qui ont fuit, la maison est ouverte. Nous ferons tout pour assumer le devoir d’asile que doit être celui de la France ».

La laïcité, de la France à l’Iran

Défenseur de la laïcité, Michaël Delafosse ne pouvait pas ne pas mettre en perspective ce combat. « Il nous faut être en soutien de cette jeunesse parce qu’elle combat une théocratie qui considère que le dogme s’impose à tous et porte atteinte à une liberté fondamentale pour laquelle nous nous sommes tant battu et dont nous savourons l’héritage qu’est la liberté de conscience. Chacun doit pouvoir croire ou ne pas croire mais la religion ne doit pas nous dire ce que nous devons être, elle relève de l’intime. L’État ne doit pas dire ce que les gens doivent croire mais doit garantir les libertés » détaille le maire de Montpellier qui en profite pour, s’adressant aux deux militantes iraniennes, d’affirmer : « La laïcité n’est pas un principe juridique. Vous rappelez à travers ce combat qu’elle est une valeur universelle. La laïcité n’est pas une spécificité française qui devrait être négocié, elle est un enjeu universelle pour garantir la liberté de conscience en Iran ou en Afghanistan ».

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Faisant de cette plantation, autant un symbole qu’un message, Michaël Delafosse souligne : « À la jeunesse d’Iran, nous affirmons très fortement que Montpellier est à leur côté. Nous leur disons qu’un jour la victoire sera là, les régimes totalitaires finissent toujours par tomber. Ils tombent car dans le monde des citoyens lèvent des pancartes, des élus prennent la parole, des arbres se plantent et des symboles sont mobilisés pour dire à nos diplomates d’être fermes. Je ne sais pas quand cela arrivera mais l’immensité de la civilisation perse, sa créativité et son envie d’écrire la modernité, finira par l’emporter. Puissions un jour nous retrouver pour célébrer la chute de ce régime infâme ». Des paroles et un geste très fortement appréciés par les membres de la diaspora iranienne de Montpellier.

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