Arrêté en octobre 2022 pour avoir exprimé son soutien au mouvement de libération des femmes iraniennes, le rappeur Toomaj Salehi était devenu l’une des figures emblématiques de cette génération solidaire avec la jeune étudiante Mahsa Amini, battue à mort par la police des mœurs pour un voile mal ajusté. Jugé le 24 avril par le tribunal révolutionnaire d’Ispahan, Toomaj Salehi a été condamné à la peine de mort. Ce verdict survient dans un contexte de répression particulièrement accrue en Iran. Le dernier rapport d’Amnesty International, publié ce mois-ci, fait état de 853 personnes exécutées en 2023. Une hausse de 172% par rapport à 2021.
A travers ses chansons, Toomaj Salehi a courageusement porté la voix des opprimés, dénonçant les injustices et la violation des droits fondamentaux en Iran. Dans Soorakh Moosh («Trou de souris») le musicien critique le silence devant l’oppression. «Si t’as vu la cruauté s’exercer sur l’opprimé et que t’as passé ton chemin […] t’es coupable.» disent les paroles. «Si tu t’occupes de tes affaires, pendant qu’ils prennent la vie des jeunes […], t’es un traître. Sache qu’il n’y a pas de vote blanc. Il n’y a pas de neutralité dans ce combat», chante encore le rappeur, incitant les Iraniens à ne pas rester neutres dans ce combat contre la République islamique.
Son titre Torkmanchay fait quant à lui référence au célèbre traité conclu en 1828, par lequel l’Empire perse céda certains de ses territoires à l’Empire russe. Dans cette chanson, le rappeur compare le traité signé en mars 2020 avec la Chine à un nouveau Torkmanchay. 120 000 personnes avaient signé une pétition pour protester contre la vente de l’Iran à la Chine.