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Un élève obtient la note maximale à un examen de maturité, sans lire de livres mais avec ChatGPT

La «NZZ» détaille comment un jeune Zurichois a brillamment réussi ses examens grâce à l’intelligence artificielle. Il s’est fait expliquer «Faust» de Goethe par ChatGPT

Représentation du «Faust» de Johann Wolfgang von Goethe en septembre 2009, au Burgtheater de Vienne. — © LILLI STRAUSS / KEYSTONE
Représentation du «Faust» de Johann Wolfgang von Goethe en septembre 2009, au Burgtheater de Vienne. — © LILLI STRAUSS / KEYSTONE

En vidéoconférence, le nouveau bachelier sourit: «Je n’ai lu aucun de mes livres. C’est l’intelligence artificielle qui a tout fait pour moi et j’ai quand même eu la note 6.» Selon le journaliste de la NZZ qui raconte cette histoire, «l’étudiant n’a rien d’un paresseux». Au contraire, il réfléchit beaucoup, utilise intelligemment ses outils informatiques et ne fait confiance qu’à des sources fiables. Malgré tout, la pratique interroge.

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Pour briller à son examen oral, le Zurichois a souscrit un abonnement payant à la version 4 de ChatGPT. C’était nécessaire pour pouvoir nourrir l’intelligence artificielle avec les textes originaux des livres qu’il était censé lire, ainsi qu’avec des critiques littéraires de ces ouvrages, sous forme de fichiers PDF. L’étudiant insiste: si l’utilisateur ne lui précise pas qu’il doit s’en tenir à ces seules sources, le robot «hallucine». Il produit un discours qui semble crédible mais contient parfois des erreurs grossières.

«Je préfère ça à Wikipédia»

L’élève a ensuite créé un chatbot pour chacun des ouvrages qu’il aurait dû étudier. Une fois informés du contexte, de leur rôle et de leurs objectifs, ils lui ont servi de partenaires pour aborder les chapitres les plus importants de ces textes. Plutôt fier de son coup, le Zurichois soutient que cet entraînement interactif lui a permis non seulement de gagner du temps, mais aussi de maîtriser l’essentiel du célèbre Faust de Goethe, sans s’embarrasser de détails inutiles.

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Professeur d’allemand à l’école cantonale de Romanshorn et expert en intelligence artificielle au Digital Learning Hub de Zurich, Jürg Widrig juge la méthode légitime: «Tant que les élèves ne font pas aveuglément confiance au robot, mais restent critiques et lui disent exactement ce qu’il doit faire et quelles sources il doit utiliser, c’est acceptable. Je préfère ça à Wikipédia.»

Le goût de l’imposture

Cité anonymement, un autre professeur d’allemand du canton de Zurich trouve triste que des candidats à la maturité puissent paraître compétents au moment de l’examen alors qu’ils travaillent avec des robots plutôt qu’avec les livres eux-mêmes. Il soupire: «Je me suis certainement déjà fait avoir.»

L’étudiant s’est préparé à ses autres examens de la même façon et obtenu d’excellents résultats dans toutes les branches. Il estime que ce processus d’apprentissage n’est pas très différent de ce que certains de ses camarades font avec des résumés. Par contre, il avoue avoir ressenti le goût désagréable de l’imposture: «Quand j’ai eu mon certificat entre les mains, je n’ai pas vraiment eu l’impression d’une réussite.»

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