De Columbia jusqu’à Sciences-Po, l’association internationale qui agite les campus défend la Palestine « from the River to the Sea » (« de la rivière à la mer ») et rédige ses messages en anglais. Students for Justice in Palestine (SJP) a été créée dans les années 1990 par l’activiste palestinien Hatem Bazian, aujourd’hui professeur de droit islamique au Zaytuna College et chargé de cours à Berkeley. À la tête de plusieurs ONG, on lui reproche d’avoir collecté des fonds pour KindHearts, une organisation dissoute par le Trésor américain pour avoir financé le Hamas en 2006. Sa proximité avec les Frères musulmans est également pointée, depuis des années. En 2020, il a donné un grand entretien au Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR), l’organisation frériste américaine, elle-même proche du Hamas. Son dernier-né, SJP, est dans la tourmente aux USA, sous le coup d’une plainte de survivants du 7 octobre, qui l’accusent d’être un « agent du Hamas », de relayer sa propagande, d’avoir organisé plusieurs blocages de routes et de ponts, mais aussi d’avoir orchestré le « soulèvement » de Columbia, à New York.

Le mot d’ordre après le pogrom : “Lutte armée, grèves générales et manifestations.”

Rien ou presque ne transparaît sur la page Instagram que sa branche Sciences-Po Paris a ouverte le 11 octobre 2023, trois jours après le pogrom, avec pour premier message : « Le temps du changement est venu. » Sans un mot pour les victimes, dès le lendemain, sa maison-mère proposait une « boîte à outils » pour lancer une « Intifada unitaire » et résister par tous les moyens : « lutte armée, grèves générales et manifestations ». De quoi inquiéter, d’autant plus que SJP insiste : « Tout cela est légitime et nécessaire. »

Au « Town Hall » de Sciences-Po qui s’est tenu le 2 mai, on nous confirme l’influence de l’organisation, déjà à l’initiative de la venue de Rima Hassan le 12 mars dernier. « C’est un mouvement très coordonné avec une codification vestimentaire. Les nombreux messages pour s’organiser, ou encore dénoncer des enseignants problématiques, sont transférés sur des boucles WhatsApp et traduits de l’anglais », nous confient plusieurs enseignants et étudiants, inquiets. Le groupe travaille main dans la main avec le Comité Palestine Sciences-Po, qui vient de remercier, pour leur soutien « sans relâche », Rima Hassan, Anasse Kazib, de Révolution permanente, et Samidoun Paris Banlieue – une organisation qui ne cache pas son soutien au Hamas. L’Allemagne vient de l’interdire.