Agnès Buzyn : "Le futur plan pauvreté ne sera pas un plan d’assistanat, mais d’investissement social"

La ministre de la Santé en a profité pour défendre le rythme des réformes de l'exécutif.
La ministre de la Santé en a profité pour défendre le rythme des réformes de l'exécutif. © LUDOVIC MARIN / AFP
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C.L.
La ministre de la Santé dévoile dans le "JDD" les contours de son futur plan pauvreté : petits-déjeuners gratuits à l'école, accompagnement des jeunes qui sortent de l'aide sociale à l'enfance…

"Donner dès le plus jeune âge toutes les chances de sortir de la pauvreté" : pour lutter contre un phénomène qui touche "plus de trois millions d'enfants", Agnès Buzyn monte au créneau. Après avoir reçu des rapports sur la pauvreté des jeunes jeudi, dont un écrit par le député LREM Olivier Véran, la ministre de la Santé a précisé au Journal du Dimanche les orientations qu'elle souhaite privilégier dans son plan.

"Garantir une solution d’emploi, de formation, de logement". "Le futur plan pauvreté ne sera pas un plan d’assistanat, mais d’investissement social", explique Agnès Buzyn. "La pauvreté a changé de visage ces dernières années. Elle touche beaucoup les familles, notamment plus de trois millions d’enfants qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté. L’idée, c’est de leur donner dès le plus jeune âge toutes les chances de s’en sortir par l’éducation et l’accès aux droits essentiels comme la santé ou une alimentation saine", souligne la ministre.

Elle se concentre donc sur les jeunes en situation de pauvreté ou amenés à le devenir. "Plusieurs dizaines de milliers de jeunes sortent brutalement de l’aide sociale à l’enfance dès 18 ans : certains passent même le bac en vivant dans la rue ! Ils représentent aujourd’hui 25 % des SDF. L’idée est de leur garantir une solution d’emploi, de formation, de logement, eux qui n’ont ni famille ni revenus", précise Agnès Buzyn. Toutefois, elle exclut d'augmenter encore les minima sociaux : "Notre priorité, c’est le travail. Nous avons pris des mesures fortes pour qu’il paie davantage".

Des petits-déjeuners gratuits. Mais la ministre n'oublie pas "ceux qui sont éloignés de l’emploi" et ne bénéficient pas de ces réformes du travail. "Nous augmentons le minimum vieillesse en avril, l’allocation adulte handicapé d’ici à la fin de l’année. Il faudra bien sûr, dans un second temps, simplifier les minima sociaux, les rendre plus lisibles pour lutter contre le non-recours aux aides. Mais, bien souvent, des aides financières seules, sans accompagnement social, ne suffisent pas", assure-t-elle.

Agnès Buzyn veut aussi attaquer le problème de la pauvreté dès le plus jeune âge. "On peut imaginer donner un petit déjeuner pour les élèves qui ne font qu’un repas par jour, celui du midi à la cantine, et arrivent à l’école le ventre vide le matin. Des études montrent qu’avoir pris un petit déjeuner améliore notablement les apprentissages", avance-t-elle. Autre priorité : "les 20.000 décrocheurs de 16 à 18 ans qui ne sont pas en formation et n’ont pas de travail. Nous travaillons avec Muriel Pénicaud à des dispositifs qui ne laissent pas ces jeunes en dehors de tout".

Buzyn défend les réformes de Macron

Dans les colonnes du JDD, la ministre de la Santé prend le temps de défendre les réformes engagées par l'exécutif, alors que plusieurs grèves, notamment à la SNCF se profilent : "La SNCF, c’est 5.000 euros de dette par minute ! Cette grande entreprise française a besoin de se restructurer pour faire face à l’ouverture de la concurrence. Concernant les retraités, beaucoup pensent qu’ils seront touchés, alors qu’ils ne le seront pas. La réforme protège les plus fragiles. Les inquiétudes des personnels des Ehpad nous poussent à réfléchir à la manière dont notre pays fait face au vieillissement et accompagne la dépendance. Mais ce n’est pas qu’une question de financement de l’État. Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontentements. Si nous prenons le temps d’expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas".