Le fondateur de Huawei se rit du protectionnisme occidental
De passage à Paris, le président et fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, a exprimé son détachement et sa confiance face aux critiques à l’encontre de son entreprise. Pour lui, ni son retrait des Etats-Unis, ni le protectionnisme européen n’entraveront sa réussite.
Emmanuelle Delsol
Qu’il s’agisse des Etats-Unis qui le soupçonnent d’espionnage ou l’Europe qui le pointe du doigt pour dumping sur les prix et surtout des aides qu’il recevrait de son gouvernement... Huawei, le géant chinois des télécoms, n’est pas en odeur de sainteté en occident. De passage à Paris, son président et fondateur Ren Zhengfei, ne s’en est pas ému. Même si sa présence en France et son rendez-vous avec Arnaud Montebourg et Laurent Fabius ont certainement été l’occasion d’aborder ces sujets, il n’exprime publiquement aucune crainte. Pour lui, Huawei sera un passage obligé, comme les autres équipementiers, pour que les différents pays du monde entrent dans l’ère des "flux considérables d’informations".
Fuir tout conflit politique
"Nous ne craignons pas le mal que l’on dit de notre entreprise", affirme le patron de Huawei. Confiant qu’en se basant sur la réalité des faits, "l’histoire prouvera sa bonne foi". Concernant le soutien éventuel du gouvernement chinois à la société dans le cadre des relations de Huawei avec les Etats-Unis, Ren Zhengfei oppose que Huawei est bien trop petit sur place pour que cela intéresse son gouvernement. "Nous ne représentons qu’un milliard de dollars de ventes alors que l’exportation chinoise vers les Etats-Unis s’élève à plusieurs milliers de milliards de dollars. De plus, nous sommes une entreprise privée. Et nous n’avons aucune influence politique. Nous serions dans une position très inconfortable si notre problématique était devenue une problématique coincée dans les relations sino-américaines. Donc nous avons préféré nous retirer du marché." Et de plaisanter : "D’ailleurs, depuis, je trouve que nous nous sommes bien développés ! Nos terminaux mobiles se vendent très bien aux Etats-Unis. Et les américains ne vont quand même pas leur reprocher de poser des problèmes de sécurité ! Ce qui les fait fonctionner, ce sont des logiciels américains (Android et Windows Phone, NDLR) !"
Quant à l’affaire Prism, Ren Zhengfei dit ne pas trop y attacher d’importance, "car ce qui est touché ce sont les données. Et nous, nous sommes une entreprise de tuyaux. Si l’information qui circule dans ces tuyaux est l’eau courante, et si elle est polluée, il faut s’adresser aux compagnies des eaux et non aux fabricants de la tôle des tuyaux."
Huawei vaincra, quoiqu’il arrive
Même les tendances protectionnistes de l’Europe vis-à-vis des télécoms chinois ne semblent pas l’inquiéter. "Personne n’aura la possibilité d’entraver l’évolution de la société vers une société de l’information. La croissance du flux d’informations est quelque chose qui reste totalement indépendant de la volonté des uns et des autres. Le flux d’informations va devenir considérable et c’est celui qui offrira la solution pour canaliser ce flux qui aura le droit de parole. Pour moi, le flux d’informations, c’est l’espoir. Et bon gré, mal gré, vous vous sentirez obligés d’utiliser des équipements de Huawei. Ce qui ne veut pas dire que d’autres entreprises ne peuvent nous rattraper voire nous dépasser." A bon entendeur, salut.
Emmanuelle Delsol
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