À 30 ans, la journaliste et essayiste britannique Reni Eddo-Lodge est devenue le premier auteur britannique noir – femmes et hommes confondus – à décrocher la première place du “palmarès Nielsen des 50 livres les plus vendus au Royaume-Uni”, un classement de référence qui existe depuis 2001, rapporte le quotidien britannique The Guardian.
Publié en 2017 au Royaume-Uni (et l’année suivante chez Autrement pour l’édition française), le livre Le racisme est un problème de Blancs est le prolongement d’un blog que Reni Eddo-Lodge tenait depuis quelques années. Elle y expliquait “les raisons pour lesquelles elle ne souhaitait plus débattre avec ‘la grande majorité’ des blancs sur la question de la race, parce qu’ils ‘rejettent la légitimité du [concept de] racisme structurel et de ses symptômes’”.
Avant de devenir numéro 1 du classement toutes catégories confondues pour la semaine du 13 juin, l’essai avait atteint la semaine précédente la première place dans la catégorie des ouvrages de non-fiction en poche. Ce que l’auteure avait commenté sur son compte Twitter en déclarant : “Ne peux qu’être troublée par les circonstances tragiques à l’origine de ce succès. Le fait qu’on soit en 2020 et que je sois la première.”
Bernardine Evaristo également dans les meilleures ventes
Ainsi que le souligne The Guardian :
Depuis deux semaines, les classements britanniques regorgent d’œuvres d’auteurs noirs, conséquence des manifestations Black Lives Matter qui se sont répandues dans le monde entier.”
Le quotidien cite notamment Girl, Woman, Other (“Fille, femme, autre”), un roman de Bernardine Evaristo récompensé (conjointement avec Les Testaments de la romancière canadienne Margaret Atwood) lors de la dernière édition du prestigieux Booker Prize. Le livre doit paraître en France en septembre aux éditions Globe.
Avant même l’annonce de sa progression dans le classement Nielsen, Reni Eddo-Lodge avait invité les lecteurs achetant son livre à adresser des dons du même montant que son prix d’achat à “une ONG liée au mouvement Black Lives Matter”, précise The Guardian.
Mardi 16 juin, elle a tenu à rendre hommage aux auteurs qui l’ont inspirée tout au long de son parcours :
Mon travail repose sur les épaules de tant de géants de la littérature britannique noire : Bernardine Evaristo, Benjamin Zephaniah, Zadie Smith, Andrea Levy, Stella Dadzie, Stuart Hall, Linton K Johnson, Jackie Kay, Gary Younge – pour n’en citer que quelques-uns.”
L’indépendance et la qualité caractérisent ce titre né en 1821, qui compte dans ses rangs certains des chroniqueurs les plus respectés du pays. The Guardian est le journal de référence de l’intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes. Orienté au centre gauche, proeuropéen, il se montre très critique vis-à-vis du gouvernement conservateur.
Contrairement aux autres quotidiens de référence britanniques, le journal a fait le choix d’un site en accès libre, qu’il partage avec son édition dominicale, The Observer. Les deux titres de presse sont passés au format tabloïd en 2018. Cette décision s’inscrivait dans une logique de réduction des coûts, alors que The Guardian perdait de l’argent sans discontinuer depuis vingt ans. Une stratégie payante : en mai 2019, la directrice de la rédaction, Katharine Viner, a annoncé que le journal était bénéficiaire, une première depuis 1998.