En Russie, un rédacteur en chef emprisonné pour un « retweet » en lien avec Navalny
Sergueï Smirnov a été interpellé en pleine rue à Moscou le 30 janvier, à la veille d’une nouvelle manifestation en faveur d’Alexeï Navalny, pendant qu’il se promenait avec son fils de 5 ans.
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Le rédacteur en chef d’un site d’information en ligne a été condamné ce mercredi 3 février à 25 jours de prison pour « organisation de protestations de masse », après avoir retweeté une blague sur une manifestation en faveur d’Alexeï Navalny en janvier.
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Le tribunal Tverskoï de Moscou a reconnu Sergueï Smirnov, le rédacteur en chef du site Mediazona, coupable d’avoir violé à plusieurs reprises la loi sur l’organisation d’une manifestation, a dit à l’AFP son avocat, Fiodor Siroch.
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Interpellé en pleine rue
Le mois dernier, Sergueï Smirnov, 45 ans, a retweeté une blague : l’auteur du tweet avait trouvé que Smirnov ressemblait physiquement au leader du groupe punk Tarakany (Cafards), qui avait affiché son soutien à une manifestation organisée le 23 janvier à travers la Russie à l’appel du principal opposant russe Alexeï Navalny, incarcéré.
Le tweet était accompagné de la photo du chanteur sur laquelle figuraient la date et l’heure de la manifestation qui verra des dizaines de milliers de Russes descendre dans la rue dans une centaine de villes pour réclamer la libération d’Alexeï Navalny.
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Sergueï Smirnov a été interpellé en pleine rue à Moscou le 30 janvier, à la veille d’une nouvelle manifestation en faveur d’Alexeï Navalny, pendant qu’il se promenait avec son fils de 5 ans. Il n’a été relâché que plusieurs heures plus tard, à condition de se présenter mercredi devant le juge.
« Il s’agit de la première arrestation d’un rédacteur en chef d’un média dans l’histoire de la Russie », a réagi sur Twitter Piotr Verzilov, le fondateur de Mediazona, qui informe notamment sur les procès des défenseurs des droits de l’Homme en Russie.
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Selon Piotr Verzilov, Sergueï Smirnov n’a même pas participé à la manifestation le 23 janvier.
« Persécution infondée »
Le comité pour la protection des journalistes (CPJ) a exprimé, dans un communiqué, sa « préoccupation » pour la « persécution infondée » de Sergueï Smirnov et a appelé à sa « libération immédiate ».
« Les journalistes en Russie doivent pouvoir travailler librement et sans avoir peur », a souligné le CPJ.
Pour sa part, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé des « accusations montées de toutes pièces », estimant que les droits de Sergueï Smirnov à se défendre « ont été bafoués » et qualifiant son procès d’« ubuesque ».
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De son côté, le journal indépendant russe « Novaïa gazeta » a annoncé son intention de publier pendant les 25 jours à venir « les principaux articles de Mediazona » en signe de solidarité avec Sergueï Smirnov.
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Un mouvement de protestation d’une ampleur inédite depuis plusieurs années a essaimé en Russie depuis l’emprisonnement mi-janvier d’Alexeï Navalny à son retour, après cinq mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d’un empoisonnement dont il accuse Vladimir Poutine.
Poursuivi pour avoir enfreint les termes de son contrôle judiciaire dans une affaire remontant à 2014, sa peine avec sursis a été commuée mardi en deux ans et huit mois prison ferme.