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Marche du collectif NousToutes pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, Paris le 23 novembre 2019 / © Marie Magnin - Hans Lucas via AFP

Marche du collectif NousToutes pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, Paris le 23 novembre 2019 / © Marie Magnin - Hans Lucas via AFP

Discriminations

Violences faites aux femmes : Mexique - France, un seul et même combat

Lutter contre les violences faites aux femmes est un combat mené par tous les pays de notre organisation. Dans nos bureaux en France, nous recevons Edith Olivares, la directrice d’Amnesty Mexique. Dans ce pays, dix femmes sont assassinées chaque jour. Elle répond à nos questions et nous présente Wendy Galarza, une militante féministe mexicaine qui a été victime de violences policières lors d'une manifestation pour réclamer justice suite à un féminicide.

Depuis de nombreuses années, des milliers de voix, fortes et unies, résonnent dans plusieurs pays pour dire stop aux violences faites aux femmes et aux minorités de genre : « Nos queremos vivas ! », « Nous voulons rester vivantes ! », «Pas une de plus », «Ni una menos », «S’ils en touchent une, nous répondons toutes »,… autant de slogans scandés pour porter les mêmes combats, contre les féminicides, pour la justice et pour les droits des femmes.

Argentine, Mexique, France, Espagne, Turquie… des marches immenses ont lieu aux quatre coins du monde, portées par des symboles communs : des couleurs, le violet et le vert et des chants puissants comme le chant féministe chilien «Un violador en tu camino» - «Un violeur sur ton chemin» devenu un véritable hymne mondial. Des mots qui frappent, des gestes qui marquent. Des milliers de femmes, le bras tendu et l’index accusateur scandent ensemble :

La coupable ce n'est pas moi, ni mes fringues, ni l'endroit. Le violeur, c’est toi !

Cette chanson sera chantée le 20 novembre, dans les cortèges de la marche organisée par #NousToutes contre les violences sexistes et sexuelles. Nous participerons à cette marche. Avec Edith Olivares, la directrice d’Amnesty Mexique, nous accompagnerons Wendy Galarza, militante féministe qui symbolise le combat de milliers de mexicaines.

Mexique, Ronaldo Schemidt - AFP

Une manifestante mexicaine tient une pancarte avec écrit « Être une femme mais sans être assassinée » pendant une marche contre les meurtres et les violences faites aux femmes et aux minorités de genre à Mexico le 17 septembre 2017 / © Ronaldo Schemidt - AFP

Dans notre cortège de la marche #NousToutes, le Mexique sera en première ligne. Dans ce pays, les féminicides sont très récurrents. Face à ces crimes, les enquêtes peinent à avancer et cela s'explique en partie par l'inaction des autorités.

Lire aussi : Notre dernière enquête sur les féminicides au Mexique

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Nous avons interrogé Edith Olivares sur la situation des femmes au Mexique, sur le combat qu’elle mène au quotidien avec Amnesty et sur l’objectif de sa venue en France. Interview. 👇

Cette visite en France est une grande opportunité. Elle va faire connaître à l’international les graves risques auxquels sont exposées les femmes au Mexique.

Edith Olivares
Directrice d'Amnesty Mexique

Quelle est la situation au Mexique des violences faites aux femmes ? 

Le Mexique est un pays dangereux pour les femmes. En moyenne, 10 femmes y sont assassinées chaque jour. 

Entre 2015 et 2021, le Mexique a connu une augmentation de diverses formes de violences sexistes contre les femmes et les filles : les chiffres officiels font état d'une hausse du nombre d'assassinats de femmes, comprenant des féminicides ainsi que des abus sexuels et des viols. De janvier à septembre 2021, l’État a enregistré 2 866 meurtres de femmes et 192 746 délits présumés de violences conjugales. En plus de ces chiffres, l’impunité continue de prévaloir dans le pays : 98 crimes sur 100 au Mexique restent impunis et les féminicides ne font pas exception. 

Comment portez-vous ce combat au quotidien, dans l’un des pays d’Amérique Latine où les féminicides sont les plus élevés ? 

Cela fait plus de 30 ans que les familles des victimes de féminicides luttent pour exiger vérité, justice et réparation. Il y a plus de 20 ans, le monde a été choqué par les meurtres cruels de femmes dans la ville de Juárez.  

Aujourd’hui, malheureusement, le problème s’est étendu à tout le pays et l’État continue de commettre les mêmes manquements dans les enquêtes relatives aux  féminicides. C’est pour cela que les femmes, fatiguées des omissions de l’État, sortent dans la rue. Les mouvements de protestation ont gagné tout le pays : aujourd’hui, les femmes, surtout les plus jeunes, manifestent dans les principales villes du pays ainsi que dans des municipalités plus petites et plus éloignées du centre. Ce mouvement ne s'arrêtera pas tant que les violences contre les femmes ne cesseront pas. 

Vous êtes venue en France pour accompagner la militante féministe Wendy Galarza, pouvez-vous nous expliquer sa situation au Mexique ? 

Wendy Galarza est une jeune féministe de 30 ans. Elle représente la voix de milliers de femmes qui sont indignées par tous les manquements de l’État mexicain qui mènent à l’impunité et à la violence exercée à notre encontre.

L’année dernière, en novembre 2020, Wendy manifestait à la suite d’un féminicide cruel qui a eu lieu à Cancún, ce « paradis touristique » au sud-est du Mexique. Wendy a été victime de la brutalité de la police.

Portrait de la militante féministe mexicaine Wendy Galarza

Lors de cette manifestation, la police a tiré à balles réelles contre les manifestants. Wendy a été touchée. Elle a reçu deux impacts de balles et des coups avec des objets divers, comme des troncs d’arbre que les policiers avaient arrachés des jardins du palais municipal. Dans cette manifestation, des personnes ont été détenues, frappées et certaines abusées sexuellement.

Aller plus loin : Découvrir notre campagne 10 jours pour signer dont Wendy Galarza fait partie

Après cette répression, Wendy et ses sœurs de lutte ont décidé de continuer d’élever la voix : plus d’un an après la manifestation, les auteurs présumés des violences n’ont pas été sanctionnés et aucune des victimes n’a obtenu réparation.  

En tant que directrice d’Amnesty Mexique, qu’espérez-vous de votre venue en France ? 

Cette visite est une grande opportunité. Elle va nous permettre de faire connaître la situation que nous vivons au Mexique, nous les femmes qui sortons manifester contre les violences dont nous sommes victimes.  

L’État mexicain nous a abandonnées. Il ne nous a pas accompagnées dans son devoir de garantir notre droit de vivre et de vivre libres, sans violence. Et puis en plus, aujourd’hui, les femmes qui manifestent sont réprimées : elles risquent d’être détenues arbitrairement, portées disparues, battues et abusées sexuellement par des agents de police. Wendy Galarza représente les femmes qui montrent leur « colère digne » au Mexique.

Nous espérons que cette visite permettra de faire connaître aux militantes des droits des femmes présentes aux quatres coins du monde, les graves risques auxquels sont exposées les femmes au Mexique.

Des manifestantes participent à la marche du collectif NousToutes pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, Paris le 23 novembre 2019 / © Elko Hirsh - Hans Lucas via AFP

Vous avez lancé une campagne intitulée : « Notre cri est un monument ». Pouvez-vous nous expliquer comment vous l'avez pensé ? 

Au Mexique, les femmes qui manifestent sont stigmatisées et violentées. Le discours des autorités - et de beaucoup de médias - s'est concentré sur la stigmatisation des manières dont les femmes protestent, en particulier les actions directes, au lieu de prêter attention à la cause légitime des protestations. Il y a beaucoup d’ignorance sur les droits relatifs à la liberté d’expression, protégés par le droit international.

Nous avons décidé de nommer notre campagne « Notre cri est un monument » pour justement inverser ce discours et souligner le fait que nous les femmes, nous avons le droit de manifester et d’être indignées. Ce cri de protestation est valable et légitime. Lui aussi est un monument ; celui de notre lutte, de notre indignation et de notre colère, digne.  

Compte twitter d'Edith Olivares

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Des deux côtés de l'Atlantique, nous continuerons à nous mobiliser, ensemble, pour alerter sur des situations alarmantes comme celles vécues par des milliers de femmes au Mexique, victimes de violences. Le 20 novembre, nous participerons à la marche #NousToutes avec Edith Olivares et Wendy Galarza. Par-delà les frontières, nos voix résonneront et scanderont avec force «Toutes pour une, justice pour toutes ».

Agir

Marche #NousToutes : rejoignez notre cortège ! 

Samedi 20 novembre, nous marcherons pour dire STOP aux violences sexistes et sexuelles. Nous soutiendrons toutes les femmes et minorités de genre qui subissent des violences et réclament justice. 

Retrouvez-nous et rencontrez la militante mexicaine Wendy Galarza, la directrice d'Amesty Mexique et toutes les militantes et militants présents.