Lucille Desjonquères

Par Lucille Desjonquères

Par Lucille Desjonquères

Le « lady boom » des conseils d’administration français

Par Lucille Desjonquères, Présidente de Femmes au Cœur des Conseils et Présidente en France du réseau International Women’s Forum

 

L’horloge tourne. La loi dite « Copé-Zimmermann » de 2011, mise en œuvre pour les sociétés cotées, oblige les entreprises à ouvrir leur conseil d’administration à au moins 20% de femmes depuis 2014 et à 40% à partir de 2017.

Les ETI (entreprises de taille intermédiaire) non cotées sous forme juridique de SA ou SCA (sociétés en commandite par actions) de plus de 500 salariés ayant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, ont jusqu’à fin 2016 pour que leurs conseils soient conformes l’année prochaine, directement à 40%. Ce seuil passera à 250 salariés en 2020.

 

Un véritable « lady boom » est donc en marche dans les conseils d’administration français.  

 

Les retardataires doivent se réveiller, ne serait-ce que pour ne pas tomber sous le coup des sanctions prévues en cas de non-respect de la loi. Il y en a au moins trois : la nullité des nominations non conformes à l’objectif de parité, la suspension de versement de jetons de présence et la possibilité d’être écarté des appels d’offres publics.

 

Les établissements publics sont également concernés. La loi Sauvadet du 12 mars 2012 les oblige de la même manière à ouvrir les postes de cadres dirigeants à 40% de femmes d’ici à 2017.

 

Cette féminisation du monde des affaires reflète une évolution profonde de notre société. En 2013, les femmes gagnaient en moyenne 24% de moins que les hommes. Mais ce pourcentage passe à 9,9% lorsque la comparaison est faite à secteur d’activité, âge, catégorie socio-professionnelle et temps de travail identiques.  L’écart se réduit et surtout les entreprises ont largement intégré le fait que la mixité était un facteur de performance.

 

Aujourd’hui, la part des femmes siégeant dans les conseils d’administration et de surveillance a progressé de 39% pour les sociétés du CAC 40 et de 36% pour celles du SBF 120.  

 

Mais ce n’est rien par rapport aux centaines d’administratrices qu’il faudrait trouver pour les PME, les fondations, les établissements publics ou les chambres de commerce dont beaucoup n’ont pas réalisé qu’ils allaient bientôt tomber sous le coup de la loi.

 

L’échéance approche et le chemin qui reste à parcourir requiert un engagement fort des membres des conseils, des assemblées et du management. On peut déplorer à cet égard que les femmes soient encore peu présentes dans les comités exécutifs. Ces « comex » sont les vrais centres de décision, en même temps que les lieux d’influence, d’animation et d’impulsion de la stratégie de toute entreprise. La part des femmes y progresse trop faiblement : un peu plus de 10% aujourd’hui contre 8,5% il y a cinq ans.

C’est dans les « comex » que l’on repère et recrute bien souvent les futurs administrateurs. Or, 56% des femmes de ces comités exécutifs sont des DRH, des directrices de la communication, des directrices juridiques ou des secrétaires générales…  Elles occupent ainsi des postes qui conduisent moins facilement que d’autres aux fauteuils des conseils d’administration.