Claude Posternak

Par Claude Posternak

Par Claude Posternak

Loi El Khomri : le fusil à deux coups de Valls

Le chômage aurait, paraît-il, baissé de 0,3% en janvier. Si c’est la réalité il faut s’en féliciter. Après des mois et des mois d’augmentation continue, toute bonne nouvelle sur le terrain de l’emploi est bonne à prendre. Il n’en reste pas moins que les demandeurs d’emploi sont 6,5 millions dans notre pays et que leur nombre a augmenté de 4,2% en un an. Cet échec est une catastrophe. Le chômage de masse reste la plaie de la société française. Hollande avait pourtant toutes les clés en main pour inverser la tendance.   

 

1) Le Président avait toutes les manettes du pouvoir. Le PS tenait l’Assemblée nationale, le Sénat, les régions, les départements et la grande majorité des grandes villes. Il avait donc tous les outils institutionnels et politiques pour imposer une solution hardie et efficace.

2) Sur le plan économique, les conditions objectives d’une reprise étaient toutes réunies: pétrole, euro et taux historiquement bas.

Lui qui croit en sa bonne étoile, avait toutes les raisons d’y croire. Encore fallait-il prendre les décisions qui s’imposaient.

La répétition incantatoire du « Il faut garder le cap » ne peut faire office de dessein fixé au pays. Surtout quand on oublie de nous dire où nous mène ce cap. C’est clair François Hollande n’est pas un homme d’Etat, les Français l’apprennent tous les jours à leur dépens. Les commentateurs croyaient déceler pourtant un manœuvrier sans égal. A défaut de stratégie et de vision, la tactique pourrait faire la farce. La-aussi, Hollande déçoit. Face à un problème aussi central et risqué que le chômage, tout bon Président de la Vème république aurait passé le plat à son Premier ministre. Il était simple de dire: « Le chômage est la mère de toutes les batailles, j’ai demandé au Premier ministre d’y consacrer tous ses efforts. » Au lieu de cela, faute majeure, il s’en rend comptable. Une aubaine pour Valls.

Un Valls qui, avec la loi travail, vient de tirer une cartouche mortelle pour le Président de la République. Le Premier Ministre le prive définitivement des voix de gauche à la Présidentielle. Il le met dans la quasi-impossibilité de se représenter. Valls sort Hollande du jeu avec une violence inouïe. Voilà pour la première cartouche. La seconde est destinée à Macron. Le ministre de l'économie est le seul et vrai rival de Valls pour 2017. Hollande avait mis dans les pattes de son premier ministre le jeune et brillant ministre de l’économie pour le ringardiser. L'imaginaire de la modernité est passé de Matignon à Bercy. Avec la loi El Khomri, Valls réaffirme : la vraie modernité c’est moi. Et si la loi ne peut passer, il pourra se démettre. Il pourra dire ce que tout le monde pense : on ne peut réformer ce pays avec François Hollande. Il faudra alors attendre la Présidentielle pour savoir si la deuxième cartouche a bien atteint sa cible.